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Dark-Hunter #15 - Acheron


Deuxième partie

Chapitre 1

 

Le Parthénon, Nashville, Tennessee, mardi 21 octobre 2008, 18h30

    Acheron se téléporta dans la pièce principale où se tenait la statue d'Athéna, couverte d'or. À cause de la conférence qui allait commencer dans quelques minutes dans une autre partie du Parthénon, la zone de la statue avait été fermée.
   Il devrait probablement obéir aux règles, mais pourquoi ? C'était l'un des rares avantages qu'il y avait à être un dieu.
   Des moulages des marbres d'Elgin* originaux se tenaient dans les alcôves qui bordaient les murs des deux côtés. Même si ils n'étaient pas exactement placés comme ils l'avaient été dans la Grèce antique, il avait toujours aimé venir ici. Ça lui était étrangement réconfortant. Et chaque fois qu'il était à Nashville, il faisait en sorte de s'y arrêter et de visiter.
   Il se déplaça au centre de la pièce pour pouvoir regarder l'interprétation de la déesse Athéna par l'artiste. Elle ne lui ressemblait en rien. Avec des cheveux corbeau et une peau pâle, Athéna était aussi fragile d'apparence qu'elle était saisissante. En tant que déesse de la guerre, Athéna pouvait frapper aussi fort que n'importe quel homme.
   -Acheron... dit la statue en revenant à la vie devant lui. Dis-moi ce que tu cherches.
   Il leva les yeux.
   -Une nuit loin de toi, Artémis. Ce n'est pas comme si tu ne le savais pas.
   Elle sortit de la statue et se tint face à lui en reprenant sa taille naturelle.
   -Oh, tu n'es pas drôle.
   -Oui, en effet. Pardon. La chose de la statue à perdu cet humour il y a onze mille ans. Il n'y a pas eu plus attrayant au fil du temps.
   Croisant les bras sur sa poitrine, elle fit la moue.
   -Tu viens de sauter tout ce qui est amusant.
   Ash laissa échapper un lent souffle d'impatience.
   -Prendre, Artémis. L'expression c'est "prendre tout le plaisir."
   -Sauter, prendre. Pas de différence.*
   Marchant devant elle pour regarder les moulages contre le mur il la railla.
   -Non ça ne l'est pas. Crois-en quelqu'un qui a une connaissance intime des deux.
   Elle tourna son visage vers lui.
   -Je déteste quand tu es vulgaire.
   C'était exactement la raison pour laquelle il l'avait fait. Malheureusement, toute la vulgarité du monde ne suffisait pas à l'éloigner de lui.
   -Pourquoi es tu ici ?  Lui demanda t'il par-dessus son épaule.
   -Pourquoi toi tu es ici ? Elle continuait à suivre chacun de ses pas.
   Encore une fois, il s'éloigna loin de sa harceleuse favorite.
   -Il y a une certaine archéologue qui pense avoir trouvé l'Atlantide. J'étais curieux donc je suis ici.
   Ses yeux s'illuminèrent.
   -Je dois la voir. J'adorerais donner le coup de place.*
   -De grâce, la corrigea t'il en serrant les dents.
   Dommage qu'il n'est pas le même enthousiasme. Il détestait faire perdre la crédibilité de quelqu'un, ou pire encore, les embarrasser publiquement. Mais la dernière chose dont il avait besoin pour le monde c'était de trouver l’Atlantide et d'y exposer ce qui y serait trouvé. Pour la première fois dans son existence il y avait des gens qui le regardait avec respect et qui lui permettait la dignité.
   Si jamais ils savaient...
   Il préférait mourir à nouveau. Non, mieux valait une piqûre à l'ego du professeur. Bien qu'il ait eu des moments d'altruisme, il ne le voulait pas. Personne ne devait jamais l'exposer à nouveau.
   Artémis cligna des yeux d'espoir.
   -Où a lieu cette conférence ?
   -La pièce dans le couloir.
   Elle disparut.
   Acheron secoua la tête. Il prit quelques minutes pour marcher dans la pièce et sourit à cette interprétation du passé vu par le monde moderne. Comment l'humanité pouvait-elle être si étrangement astucieuse et en même temps si stupide ? Leurs perceptions balançaient de la précision sans faille au carrément ridicule.
   Là encore, toutes les créatures ne souffraient-elles pas de ce même dilemme ?

 
   -Dr. Kafieri ?
   Soteria leva les yeux vers le guide qui la regardait avec une expression perplexe. Oh s'il vous plaît ne me dites pas que je me parlais encore à moi-même à voix haute. Au visage de la femme elle connaissait déjà la réponse et détestait avoir été vu... encore.
   -Oui ?
   -Vous avez déjà rassemblé une bonne foule. Je voulais juste savoir si vous aviez besoin d'un peu d'eau pour votre présentation ?
   Son estomac se serra à ces mots. Bonne foule. Ouiiii. Elle détestait les foules et parler en public. Si ce n'était pas parce qu'elle avait besoin d'un financement pour un nouvel équipement en Grèce, elle n'aurait jamais accepté ça.
   -Oui, s'il vous plaît, mais assurez-vous qu'il y ait un bouchon à vis. Je renverse toujours mes boissons quand ils ne le sont pas.
   La femme se retourna et sortit. Tory regarda les notes qu'elle examinait, mais les paroles de la femme restèrent dans son esprit.
   Une bonne foule. C'était un oxymore pour une femme qui détestait les foules. La gorge serrée, elle alla espionner la salle.
   Ouais, c'était certainement une foule. Au moins soixante personnes étaient là. Elle se sentait mal.
   Alors qu'elle commençait à se retirer dans l'ombre, la porte s'ouvrit et un homme qui lui coupa le souffle entra.
   Incroyablement grand, il marcha à grands pas dans la salle comme s'il en était le propriétaire. Non, il ne faisait pas de grands pas, il faisait de grandes foulées souples comme un prédateur séduisant. Et chaque femme dans la salle se retourna pour le regarder. On ne pouvait pas les blâmer. Il était comme un aimant pour les yeux.
   Ses longs cheveux noirs avaient une mèche rouge vif à l'avant et encadraient un visage incroyablement beau qui serait joli s'il n'avait pas une telle aura farouche. Ils lui donnaient aussi envie de savoir exactement à quoi ressemblaient ses yeux, mais comme il portait une paire de lunettes opaque Oakley, elle ne pouvait pas le dire. Vêtu d'un long manteau noir usé, il avait un sweat shirt à capuche gris foncé en dessous qui était ouvert pour montrer un t-shirt des Misfits. Son pantalon noir était rentré dans une paire de bottes Doc Martens rouge foncé avec un crâne et des croix d'or remontant de chaque côté.
   Ignorant les femmes qui le lorgnaient, il ôta de ses larges épaules un grand sac à dos de cuir noir et le posa sur le sol près d'un siège côté couloir avant de s'asseoir. Le cuir de son sac était aussi usé que son manteau et marqué par le symbole blanc de l'anarchie et d'un soleil percé de trois éclair de foudre.
   Elle ne savait pas pourquoi alors qu'il étirait ses longues jambes devant lui cela fit accélérer son rythme cardiaque, mais c'est ce qu'il fit. Il avait l'air si incroyablement masculin assit là comme ça. Avec ses mains couvertes par des mitaines noires, il releva les manches de son manteau sur ses avant-bras puis se pencha en arrière dans le fauteuil, complètement à l'aise. Elle aperçut un tatouage de dragon rouge et noir sur son avant-bras gauche. Il avait aussi un petit clou d'argent percé dans sa narine droite, ainsi qu'un petit cercle d'argent dans son oreille gauche.
   Il prit une profonde inspiration et posa son bras sur le dos de sa chaise. Mince, l'homme se déplaçait comme de l'eau. Lent, gracieux et pourtant il lui donnait l'impression qu'à tout moment il pouvait exploser et passer à l'action en abattant toute personne qui le menacerait.
   Ouais...
   -Dr. Kafieri ?
   Il lui fallut attendre que son nom soit répété trois fois avant qu'elle réalise que la guide était revenue.
   -Je suis désolé. J'ai un peu le trac.
   -Oh vous serez très bien.
   La femme lui tendit de l'eau.
   Tory n'en était pas si sûre. La foule l'effrayait et contrairement au Gothique dehors, elle répugnait à se démarquer. Elle essayait de l'imaginer en sous-vêtements, mais c'était encore plus inquiétant puisque tout ce que ça faisait c'était lui donnait encore plus chaud et la rendre encore plus nerveuse...
   Il devait être le seul homme vivant qui pouvait être encore plus intimidant dans un slip.
   Dieu, et si cette massive beauté était un commando ?
   Se forçant à arrêter ses pensées, elle vérifia sa montre et vit qu'il était presque temps de commencer.
   Tory déglutit.
   Elle jeta un regard sur la foule pour voir une grande, une très voluptueuse femme rousse s'approcher du Gothique. La femme était aussi belle que l'homme était magnifique, mais elle ne ressemblait pas du tout au type qu'on lui aurait normalement associé. Là où il était habillé en noir, des vêtements mal foutu, elle portait un ensemble tout blanc, et portait de délicate chaussures Jimmy Choo.
   Impeccablement coiffée, la femme lui rappelait une top-modèle. Et quand elle s'assit près du Goth, il lui fit la grimace même si elle lui souriait et lui offrait une partie de la boisson qu'elle avait apportée avec elle.
   La femme lui parla et il tourna la tête pour lui répondre un très sévère.
   -Va te faire foutre.
   Elle avait l'air complètement frappé par sa froideur. Tory serra les dents. Il était évident qu'ils se connaissaient et tandis que la femme était amoureuse de l'homme, il ne se faisait aucun soucis pour elle.
   Le connard type. Tory détestait juger les gens, mais elle avait vu des personnes dans son genre maintes et maintes fois dans les classes où elle avait étudiée et avait fait l'erreur de se croire amoureuse de quelqu'un comme lui une fois. Sans doute la rouquine avait telle acheté chaque morceau des vêtements coûteux qu'il portait fièrement.
   Mais leur relation n'était pas ses affaires. Elle espérait juste que la femme reprendrait bientôt ses esprits et jetterait ce trou du cul.
   -Je vais vous présenter.
   Tory sursauta en entendant la voix du Dr Allen alors qu'il passait devant elle. Un peu plus de cinquante ans, il était en forme et coiffé de cheveux gris avec une petite moustache. C'était le professeur qui l'avait invité au Parthénon pour parler de l'Atlantide dans le cadre d'une série de conférences sur les civilisations classiques. Maintenant, si elle pouvait l'utiliser comme un moyen pour l'aider à financer sa prochaine excavation, elle ferait d'une pierre deux coups.
   Il me suffit de ne pas tomber et de ne pas bégayer...
   Elle se signa trois fois, cracha et pria rapidement.
 

   -Je sais que beaucoup d'entre vous sont familiers avec le nom de Kafieri et doutent des recherches et des revendications du père et de l'oncle de Soteria. Mais en toute équité, le Dr Kafieri a pris sa bourse scolaire très au sérieux et je dois dire que ses conclusions m'ont assez impressionné pour que je la fasse venir ici. Sans parler qu'elle est l'une des rares personnes à avoir reçu un doctorat à vingt ans, ce qui montre son niveau d'engagement. Je n'ai pas encore rencontré quelqu'un qui puisse contester ses théories ou son dévouement dans le domaine de l'étude ancienne. Maintenant si vous pouviez accueillir chaleureusement le Dr Kafieri.
   Ash retint ses applaudissements alors qu'il attendait de voir le professeur qu'il allait rôtir.
   -Zut !
   Le mot embarrassé n'était audible de personne autre qu'Artémis et lui, mais le stress dans sa voix lui évoqua une vague de pitié. Il haussa un sourcil en entendant les papiers être rassemblés comme si la présentatrice les avait laissé tomber.
   Un instant plus tard, elle entra par la porte derrière le podium. Très grande et vraiment mince, elle était jolie avec ses cheveux brun clair qu'elle avait tirés vers l'arrière en un chignon sévère. Une paire de petites lunettes ronde en bronze couvrait ses profonds et intrigants yeux bruns. Le costume beige bien coupé qu'elle portait ne rendait pas grâce à son corps, et il était évident qu'elle était mal à l'aise de le porter. En fait, il avait l'air de la démanger.
   Elle mit ses papiers sur le podium et se racla la gorge avant d'offrir à tous un charmant sourire penaud, il était certain qu'elle l'avait souvent sortit en cas de problème en grandissant.
   -Je sais que l'on n'est pas censé ouvrir un discours par des excuses, mais j'ai laissé tomber mes feuilles en chemin, donc si vous pouviez attendre un petit moment que je les remette en ordre, je vous en serais reconnaissant.
   Ash cacha son sourire.
   Le Dr Allen avait l'air agité mais hocha gracieusement la tête.
   -Prenez votre temps.
   Et elle le fit.
   Les gens autour de lui étaient agacés par son retard alors qu'elle essayait de remettre son discours dans l'ordre.
   Le Dr Allen se pencha en avant.
   -Ne sont-elles pas numérotées ?
   Son visage devint rouge vif.
   -Non. J'ai oublié de le faire.
   Plusieurs personnes dans le public riaient alors qu'un couple jurait de plus belle.
   -Désolé, dit-elle en regardant à la hâte et en tapotant les pages ensemble.
   -Vraiment. Je suis vraiment désolé. Laissez-moi poursuivre et commencer.
   Avec un dernier regard mélancolique à son discours abandonné, elle cliqua pour faire apparaître avec le rétroprojecteur une photo qui montrait une image du Parthénon en Grèce.
   -Beaucoup d'entre vous savent qui étaient mon père et mon oncle et leur obsession permanente pour trouver l’Atlantide, ils ont tous les deux donner leur vie pour cette quête, tout comme ma mère. Et comme eux, je me suis donnée pour mission de résoudre ce mystère. Alors que j'étais bébé, ma famille et moi avons fouillé pour essayer de trouver l'emplacement exact de l'Atlantide. En 1995, ma cousine le Dr Megeara Kafieri a trouvé ce que je pense être le site exact et si elle a abandonné sa quête, je ne l'ai jamais fait. L'été dernier, j'ai pu finalement trouver une preuve définitive que l'Atlantide est réelle et que les recherches de Megeara l'avait finalement découverte.
   Ash roula ses yeux à cette affirmation que tant d'autres avaient faite. S'il avait touché un dollar à chaque fois, il serait encore plus riche qu'il ne l'était déjà.
   Soteria appuya sur le bouton et la photo cette fois le fit se redresser sur sa chaise lorsqu'il la reconnut. C'était le buste cassé de sa mère, Apollymi. Et il n'y avait qu'un seul endroit où le bon docteur aurait pu le trouver.
   Atlantide.
   Elle remonta ses lunettes sur son nez de son doigt.
   -Ceci est l'un des nombreux artefacts que mon équipe et moi-même avons remonté du fond de la mer Égée.
   Elle utilisa le pointeur laser rouge pour montrer l'écriture Atlante sur le socle qui orthographiait le nom de sa mère.
   -Je cherche quelqu'un qui puisse traduire ce qui semble être une forme d'écriture ancienne grecque. Pourtant, personne n'a été en mesure de déchiffrer les mots ou même toutes les lettres. C'est comme si cet alphabet avait des caractères qui seraient absents du grec traditionnel.
   Artémis le frappa sur le bras.
   -On dirait que tu es brisé, Acheron.
   -Fichu, la corrigea t'il d'un souffle.
   -Peu importe, souffla Artémis.
   Soteria regarda le public et centra ensuite son attention sur le Dr Allen.
   -Parce que personne ne peut lire ou même identifier toutes les lettres anciennes, je suis convaincu que c'est de l'Atlante. Après tout, si l'Atlantide était dans la mer Égée, il est possible que leur langue ait une base grecque ou peut-être est-ce leur langue qui a façonnée ce que nous savons du grec. L'emplacement de l'île aurait pu la mettre aux centres des échanges entre les marins grecs, lui donnant un pouvoir dont il faut tenir compte et lui permettant de façonner la culture, les traditions et la langue de la Grèce antique.
   Elle cliqua sur la photo suivante qui montrait un fragment de mur du palais royal Atlante.
   -Ceci est l'un des bâtiments que j'ai découvert...
   -Tu ne vas pas dire quelque chose ? chuchota Artémis.
   Il ne le pouvait pas. Il était trop abasourdi alors qu'il regardait des images qu'il n'avait pas vues depuis plus de onze mille ans. Comment cette jeune femme l'avait trouvé ?
   Comment l'avait t'elle connue ?
   Là encore, c'était une réponse simple. Sa foutue mère. Elle avait su qu'ils fouillaient le site de l'île, mais plutôt que de le mettre dans le coup, elle n'avait rien fait en espérant que les archéologues la libèrent de sa captivité.
   -Mon partenaire pense qu'il s'agit d'un temple, continua Soteria, mais je suis convaincue que c'était un bâtiment gouvernemental. Vous pouvez voir ici qu'il y a plus d'écriture, mais encore une fois je ne peux pas la déchiffrer.
   Elle bascula sur une autre photo de colonnes sous-marines.
   -Maintenant, voici un site similaire que nous avons découvert et que nous croyons être une île grecque qui commerçait fréquemment avec l’Atlantide. J'y ai trouvé un morceau de pierre où était gravé le nom de Didymos...
   Elle passa à une autre image qui lui donna littéralement des sueurs froides.
   -Ceci est un journal que nous avons découvert dans les ruines de Didymos dans ce qui semblait être un palais royal. Un journal relié, elle le répéta avec enthousiasme. Je sais ce que vous pensez tous, qu'on ne reliait pas les livres à cette époque. Mais encore une fois, nous y retrouvons la même écriture et la datation que nous en avons faite la place à une date antérieure à tout ce que nous avons jamais trouvé en Grèce. Ce que nous avons ici est le Saint-Graal de l'Atlantide. J'en connais chaque partie. Ces deux sites sont solidaires l'un de l'autre et le site principale est de fait l’Atlantide.
   -Acheron ? Dit à nouveau Artémis d'un ton brusque.
   Il ne pouvait pas parler alors qu'il regardait avec soin le journal de Ryssa, son écriture qui était aussi claire que si elle l'avait écrite hier. Cette page ne documentait rien en particulier, mais ce qui l'effrayait le plus était bien ce que cela pouvait contenir et à la différence des autres écrits, il était en grec. Il n'y avait pas beaucoup d’érudits dans le monde qui pouvait le traduire. Mais il y en avait assez pour que cela puisse ruiner sa vie s'ils le faisaient et y trouvaient quelque chose de compromettant.
   -Oh c'est ennuyeux, souffla Artémis. Je sors d'ici.
   Elle se leva et partit.
   L'image suivante était un buste avec la tête abîmée. Il faisait partie des nombreuses statues de Didymos qui bordaient les rues et étaient à l'image de son frère jumeau Styxx. Ash avait presque quitté son siège.
   Il était temps d'arrêter ça avant qu'elle ne l'expose.
   Il se força à paraître nonchalant, même si à l'intérieur il était terrifié et en colère.
   -Comment savez-vous que la datation au carbone sur le journal n'a pas été contaminée ?
   Tory leva les yeux vers la calme voix masculine qui était si profonde qu'elle retenait l'attention. Il lui fallut une seconde pour réaliser à qui elle appartenait.
   Mr. Trou du cul Goth.
   Elle poussa ses lunettes au bord de son nez dans une habitude nerveuse, puis se racla la gorge.
   -Nous avons été méticuleux avec.
   Il lui fit un sourire arrogant qui l'hérissa.
   -Méticuleux comment ? Je veux dire, avouons-le, vous êtes une archéologue avec un ordre du jour qui est de prouver que ses cinglés de père et d'oncle n'étaient pas à la chasse au trésor. Nous savons tous comment des données peuvent être endommagées. Quel était la période estimée pour le journal ?
   Elle grimaça à la question. Ment, Tory, ment. Mais ce n'était pas son genre.
   -Quelques-uns des premiers tests ont montré une date beaucoup plus jeune.
   -Combien plus jeune ?
   -Premier siècle avant Jésus-Christ.
   Le front finement arqué au-dessus de ses lunettes noires, il se moqua d'elle.
   -Premier siècle avant Jésus-Christ ?
   -Encore trop tôt pour un livre et pourtant nous avons un livre, dit-elle fermement en retournant en arrière sur l'image du journal. De solides preuves empiriques que personne ne peut contester.
   -Tss. Non, Dr Kafieri, ce que nous avons c'est une archéologue avec un programme préconçu qui cherche à nous impressionner en se finançant d'autres vacances en Méditerranée. N'est ce pas ?
   Plusieurs personnes rirent dans le public.
   Tory sentit sa colère monter face à ces accusations.
   -Je suis une chercheuse sérieuse ! Et même si vous ignorez le journal, regardez les autres éléments de preuve.
   Il se moqua.
   -Un buste de femme ? Un bâtiment ? Quelques fragments de poterie ? La Grèce en est jonchée.
   -Mais l'écriture.
   -Ce n'est pas parce que vous ne pouvez pas le lire que cela signifie qu'il ne peut pas être lu par quelqu'un d'autre. Il pourrait n'être rien de plus qu'un dialecte provincial non documenté.
   -Il a raison, dit un homme au premier rang.
   Un homme derrière le salaud de Goth se mit à rire.
   -Son père était un fou.
   -Ce n'était rien par rapport à son oncle. Ça doit être courant dans la famille.
   Tory saisit le pointeur dans sa main, voulant le lancer au connard qui avait tourné cette séance au ridicule. Pire encore, elle sentait la piqûre des larmes derrière ses yeux. Elle n'avait jamais pleuré en public, mais elle n'avait jamais était humilié ainsi.
   Déterminée à réussir, elle passa à la photo suivante et ce racla la gorge.
   -C'...
   -Est une statue domestique d'Artémis, déclara le Goth d'un ton sarcastique - elle aurait pu jurer que sa réplique avait résonné dans tout le bâtiment. Où l'avez-vous trouvé ? Dans un giousouroum d'Athènes ?
   Les rires retentirent.
   -Merci de me faire perdre mon temps, Dr Allen.
   Le vieil homme au premier rang se leva et sortit.
   Tory fut prise de panique en voyant la foule se détourner d'elle. Au regard de dégoût sur le visage du Dr Allen.
   -Attendez ! J'ai plus.
   Elle mit l'image d'un collier Atlante qui retenait le symbole d'un soleil.
   -C'est la première fois que nous avons vu quelque chose d'aussi stylisé.
   L'enflure de Goth tenait un komboloi qui avait exactement le même symbole.
   -J'ai eu le mien dans un magasin à Delphes il y a trois ans.
   Les rires retentirent alors que le reste de la salle se levait et partait.
   Tory se retrouva dans l'embarras le plus complet et la rage.
   -Quel que soit le comité qui a été assez stupide pour approuver sa thèse il devrait avoir honte de lui.
   Le Dr Allen secoua la tête avant de l'abandonner lui aussi. Tory agrippa les feuilles si serrées dans ses mains qu'elle était étonné de ne pas en voir les bords se changer en diamants.
   Le Gothique se leva et récupéra son sac à dos sur le sol. Il fit de grandes enjambées en descendant les escaliers, vers elle.
   -Ecoutez, je suis vraiment désolé.
   -Allez vous faire foutre, gronda t'elle en utilisant la phrase qu'il avait livré à l'autre femme.
   Elle commença à partir, puis s'arrêta et changea de direction avant de se planter devant lui avec un regard cinglant qui était peu de chose par rapport à la haine que ressentait chacune de ses molécules pour cet homme.
   -Méprisable trouduc. Qu'est ce que c'était ? Un jeu pour vous ? C'est le travail de ma vie que vous avez ruiné et pour quoi ? Des clous et des fous rires ? Ou était-ce simplement une farce de fraternité ? S'il vous plaît ne me dites pas que vous venez de ruiner mon intégrité pour obtenir une sorte de point pour boire. C'est quelque chose sur lequel je travaillais bien avant votre naissance. Comment osez-vous vous moquer de moi ? Je souhaite à Dieu qu'un jour quelqu'un vous avilisse comme vous venez de le faire, juste pour qu'une fois dans votre pompeuse vie pourrie gâtée, vous ressentiez cette humiliation.
   Ash allait répondre jusqu'à ce qu'il réalise quelque chose.
   Il ne pouvait pas entendre ses pensées. Il ne pouvait pas voir son avenir. Elle était pour lui une complète ardoise vierge.
   -Vous feriez mieux d'espérer que je ne vous vois pas marcher dans la rue pendant que je suis au volant de ma voiture !
   Elle se retourna et sortit avec colère.
   Il ne savait même pas où elle allait. Tout en elle était un blanc complet pour lui.
   Qu'est ce qui se passait ?
   Ne voulant même pas envisager ce que cela pourrait signifier, Ash se téléporta de la salle à son appartement à La Nouvelle-Orléans. Il n'aimait pas perdre le contrôle ou être aveugle à quoi que ce soit.
   Jusqu'à ce qu'il est comprit ce qui se passait, la retraite était la meilleure réponse.

 
   Tory jeta les feuilles dans une poubelle sur son chemin vers la porte. Ça n'alla pas jusqu'à ce qu'elle atteigne sa voiture à l'extérieur et qu'elle laisse finalement tomber ses larmes.
   Les rires résonnaient encore dans ses oreilles. Sa cousine Megeara avait raison, elle aurait dû laissée tomber l’Atlantide.
   Mais ses deux parents avaient donné leur vie à cette quête. Contrairement à Geary, elle n'allait pas arrêter jusqu'à ce que l'honneur et la dignité de son nom de famille soit rétablis.
   Et bien tu as fait du bon boulot ce soir.
   Elle ouvrit violemment la portière de sa voiture de location et jeta son sac à main à l'intérieur.
   -Tu délires, satané idiot d'étudiant de fraternité ! Cria-t-elle en souhaitant frapper l'étudiant en plein nez et de lui en faire baver.
   Dégoûté, elle prit son téléphone et démarra la voiture. Elle appela sa meilleure amie, Pam Gardner en quittant le parking de Centennial Park pour se diriger vers sa chambre d'hôtel.
   -Comment ça s'est passé ?
   Tory essuya ses larmes en s'arrêtant à un feu.
   -Terrible ! Je ne me suis jamais sentie aussi gênée de ma vie.
   -Tu n'as quand même pas à nouveau laissé tomber tes feuilles...?
   Elle grimaça en constatant à quel point sa meilleur amie la connaissait bien, elles étaient les deux meilleures amies depuis qu'elles s'étaient rencontré au delicatessen* de sa tante à New York quand elles étaient toutes deux des enfants.
   -Ouais, mais ce n'était rien par rapport à ça.
   -Quoi ?
   Tory entra dans la circulation en grognant.
   -Il y avait ce... ce... je ne peux même pas penser à un mot assez fort pour exprimer ce qu'il était, il était là, et il les a fait tous se moquer de moi.
   -Oh non, Tory. 
   Elle pouvait entendre les larmes dans la voix de Pam.
   -Tu es sérieuse ?
   -Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ?
   -Non, tu sembles énervée.
   Et elle l'était. Dieu, comme elle voulait pouvoir le trouver et marcher jusqu'à sa chambre de dortoir pour le descendre.
   -Je ne peux pas croire à cette nuit. Je devais être applaudi et au lieu de ça, je suis ruiné. Je jure devant Dieu que si je vois cet homme de nouveau, je vais commettre un meurtre.
   -Et bien si tu as besoin d'aide pour déplacer le corps, tu sais où nous trouver Kim et moi.
   Elle sourit en songeant à ses amies. Elle pouvait toujours compter sur elles en cas de crise. Kim et Pam étaient la preuve vivante que si un bon ami pouvait vous sortir de prison, un meilleur ami serait en prison à côté de vous.
   -Je te remercie.
   -Quand tu veux, ma chérie. Alors, quand est ce que tu reviens ?
   -Je serais de retour à La Nouvelle-Orléans demain.
   Et elle n’en pouvait plus d’attendre d'être à la maison à nouveau où tout lui était familier.
   -Et bien regarde le bon côté, Tory. Quel que soit la tête de nœud qu'il était, tu n'auras pas à te soucier de le voir ici.
   C'était vrai. Demain, elle serait chez elle et n'aurait plus jamais à revoir encore une fois ce connard.





Notes de traduction :
*marbres d'Elgin : Aussi appelés "marbres du Parthénon", ce sont les sculptures de marbre du Parthénon que Lord Elgin, ambassadeur britannique à Constantinople, fit envoyer à Londres en 1801-1802.

*Ici, Artémis dit "blowing" ou lieu de "sucking", tous les deux une insulte que je vous laisse découvrir par vous-mêmes. Synonyme en anglais, mais difficile à nuancer en français.

*Artémis utilise le mot "vernacular" au lieu de "jugular". L'expression "go for the jugular" voulant dire "donner le coup de grâce" en anglais.

*delicatessen : deli en anglais, est une épicerie fine ou un restaurant-traiteur dans les pays anglo-saxons.


Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2008
Traduction © Dark-Hunter Francophone

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