Note de traduction : C'est la seule et unique scène que je proposerais pour illustrer la mauvaise traduction de ce livre. La plus flagrante en vérité.
Déjà, parce que les scènes de combat, c'est LA bête noire de la traductrice. Les armes ne sont jamais les bonnes, les mouvements totalement aléatoires et souvent incohérents. Tout comme le nombre d'assaillants, ou qui se trouve où et se bat avec qui... 
Une difficulté ajouté par le fait qu'il y a deux personnages appelés Desiderius : le père et le fils, et que ce fait semble incompris par la traductrice.
Des scènes sont déplacées d'une page à l'autre, des protagonistes interviennent plus tardivement que dans le livre d'origine, la petite Marissa hérite de pouvoirs totalement imaginaires, les réactions des personnages sont changés (le désespoir de Tabitha devient une scène théâtrale et risible dans le livre français).

En vérité je ne saurais même pas par où commencer pour vous présenter tous les problèmes de cette scène, quoique, par le début, quand Tabitha se précipite chez sa sœur en ouvrant la porte à la volée et gravit les marches jusqu'au premier étage sans même voir le chaos du rez-de-chaussée... en vérité elle ne gravit que les marches du porche.
Je vous invite à prendre votre livre en français, de l'ouvrir à la page 282, ligne 22, et de comparer au fur et à mesure de votre lecture. 
Je vous garantis que vous lèverez souvent les yeux au ciel, et que vous sourirez parfois malgré la gravité de la situation, juste en voyant ce qu'est devenu le texte en passant au français.
A noter que toutes les phrases mises en vert, sont celles qui ont disparues à la traduction.


 

 

 [...]
   "Hé tout le monde ?
   La voix d'Otto cria sur l'interphone Nextel.
   -Je suis chez Nick. La porte d'entrée était ouverte et quelque chose de vraiment grave s'est passé ici. J'ai besoin d'un comptage immédiat.
   Kyr se signala tout de suite, tout comme Talon et Janice. Julian répondit ensuite, suivi de Zoé puis de Valerius.
   Ils attendirent que les autres le fassent.
   Personne ne le fit.
   -Nick ? Appela Otto. Tu es là Cajun ? Allez, mon pote, réponds-moi avec quelque chose de malin.
   Pas de réponse.
   Valerius devint froid.
   -Jean-Luc ? Demanda Otto.
   Encore une fois, rien.
   -Acheron ?
   Un sentiment de pure terreur traversa Valerius alors que Tabitha lui lançait un regard paniqué.
   Ils connaissaient les noms suivants avant qu'Otto ne les prononce.
   -Kyrian ? Kassim ?
   Seul les bruits statiques résonnaient sur la ligne.
   Valerius retira le Nextel de sa ceinture et parla à Otto seulement.
   -Que s'est-il passé chez Nick ?
   -Cherise est morte et il n'y a aucun signe de lui. J'ai trouvé son arme gisant dans une mare de sang près du corps de sa mère avec une balle manquante, mais ce n'est pas ce qui a tué Cherise.
   Valerius serra les dents en comprenant l’explication d'Otto.
   -Attaque de Daimon ?
   -Ouais.
   Tabitha jura, puis se leva précipitamment de son tabouret.
   -Je dois aller voir Amanda.
   -Otto, retrouves-nous chez Kyrian.
   Il rouvrit la ligne au groupe.
   -Janice ? Talon ? Zoé ? Vous pouvez commencer à chercher Jean-Luc ?
   -Qui t’as laissé le poste de commandement, Romain ? Ricana Zoé.
   Valerius n'était pas d'humeur pour ces conneries alors qu'il sortait après Tabitha.
   -La ferme, Amazone. Il ne s'agit pas de mon héritage. Il s'agit de tes frères d'armes et de leur vie.
   Julian intervint.
    -Je vous retrouverai chez Kyrian.
   -Non, s'il te plaît. Restes avec ta femme et tes enfants. Assures-toi qu'ils soient en sécurité.
   -Très bien. Faites-moi savoir ce que vous découvrez.
   Tabitha était déjà dans le siège conducteur de sa Mini Cooper. Valerius entra et claqua la portière.
   Elle démarra au quart de tour et ne prit pas la peine d'ouvrir le portail en bois. Elle le percuta en faisant hurler le moteur dans la rue.
   Valerius s'appuya contre le tableau de bord pendant qu'elle les guidait dans la circulation à un rythme mortel, vers la maison de sa sœur.
   Une fois qu'ils l’eurent atteint, elle ne s’arrêta pas non plus à la grande porte de fer d'Amanda. Valerius leva son bras pour protéger son visage alors qu'elle le traversait et arrachait les poteaux de fer de leurs parements de pierre.
   Tabitha dérapa pour s'arrêter juste devant la porte et s’élança de la voiture sans même l'éteindre.
   Valerius n'hésita pas à la suivre.   
   De l'extérieur de la maison, tout avait l'air normal. Les lumières étaient allumées et alors que Tabitha ouvrait la porte d'entrée d'un coup de pied, ils pouvaient entendre une télévision quelque part à l'étage.
   -Mandy ? Hurla Tabitha d'un ton strident.
   Sa sœur ne lui répondit pas.
   -Hé papa ? Appela quelqu'un depuis l'étage. Ton dessert est là.
 

   Artémis s'arrêta devant le cimetière où elle sentait la présence d'Acheron. Elle frissonna de répulsion. Elle avait toujours détesté de tels endroits, alors qu'il semblait les préférer.
   -Acheron ? Appela-t-elle pendant qu'elle marchait à travers le mur de pierre.
   Le sol sombre était inégal, ce qui l'empêchait de marcher. Alors elle flotta dans la zone.
  -Acheron ?
   Un éclair de feu passa près de sa tête.
   Artémis se baissa et se déplaça pour renvoyer l'explosion jusqu'à ce qu'elle aperçoive l'animal de compagnie d'Acheron. Elle retroussa ses lèvres vers la démone jusqu'à ce qu'elle voit Acheron couché dans ses bras. Il avait l'air terrible alors qu'il se tordait comme s'il était en proie à la torture.
   -Que lui as-tu fait ? Demanda Artémis à la créature.
   La démone siffla.
   -La Simi n'a rien fait, vache de déesse. Tu es celle qui blesse mon akri. Pas moi.
   À tout autre moment, Artémis pourrait discuter là-dessus, mais Acheron était allongé là comme s'il souffrait d'une douleur atroce.
   -Que lui est-il arrivé ?
   -Ce sont les âmes que les Daimons mangent. Elles hurlent quand elles meurent et elles sont trop nombreuses ce soir. La Simi ne peut pas les faire disparaître.
   -Acheron ? Essaya à nouveau Artémis en s'agenouillant à côté de lui. Peux-tu m'entendre ?
   Il s’éloigna d'elle.
   Elle essaya de l'atteindre, seulement la démone se précipita sur elle.
   -Ne touche pas mon akri !
   Foutus Charontes ! La seule qui pouvait les contrôler était...
   Non, il y avait deux personnes en vie qui pouvaient les contrôler.
   -Apollymi ? Elle parla à la brume autour d'elle. Peux-tu m'entendre ?
   Un rire diabolique résonna dans la brise. La déesse atlante ne pouvait pas sortir physiquement de sa prison, mais ses pouvoirs étaient si grands qu'elle pouvait étendre sa volonté et sa voix même au-delà de ses limites.
   -Alors, tu me parles, salope. Pourquoi devrais-je écouter ?
   Artémis réprima son humeur avant de répondre à l'insulte par une insulte et de chasser la déesse plus âgée.
   -Je ne peux pas aider Acheron. Sa démone ne me laisse pas faire. J'ai besoin de ton aide.
   -Et pourquoi devrais-je m'en soucier ?
   -Parce que je...
   Artémis serra les dents avant de prononcer le mot le plus difficile de tous pour elle.
   -S'il te plaît. S'il te plaît, aides-moi.
   -Que vas-tu me donner pour ce service ? Me rendras-tu mon bébé ?
   Artémis ourla sa lèvre à cette pensée. Il n'y avait aucun moyen qu'elle le libère.
   -Je ne peux pas faire ça et tu le sais.
   Elle sentit Apollymi s'éloigner.
   -Non ! dit-elle précipitamment. Fais-moi cette faveur et je libérerai Katra de mon service. Elle sera à toi seule pour la commander et n'aura plus de loyauté partagée entre moi et toi.
   Une fois de plus, elle entendit l'ancienne déesse atlante se moquer d'elle.
   Le rire se termina sur une courte note.
   -Je l'aurais aidé de toute façon, espèce de pétasse crédule. Mais je te remercie pour le cadeau.
   Une brume rouge et étrange tomba sur le secteur alors que la Destructrice se taisait. La brume avait la forme d'une main qui berça alors le corps d'Acheron. Celui-ci cria comme si la douleur était plus que ce qu'il pouvait supporter. Son corps entier devint rigide et tendu.
   Akri ? La démone gémit, son visage terrifié.
   Puis soudainement, Acheron devint complètement mou alors que le brouillard s'évaporait.
   Artémis se laissa expirer lentement alors qu'elle le regardait,  effrayée à l’idée qu'Apollymi n'ait en fait empiré son état juste par dépit. La démone le blottit contre sa poitrine tandis qu'elle caressait ses longs cheveux noirs loin de son visage.
   Sa poitrine montait et descendait normalement.
   -Sim? Souffla-t-il en levant les yeux vers la démone avec cette expression tendre qui faisait qu'Artémis la détestait.
   -Chut, akri, tu as besoin de te reposer pour la Simi.
   Il passa sa main dans ses cheveux jusqu'à ce qu'il remarque Artémis debout devant lui. Toute la tendresse déserta son visage.
   -Qu'est-ce que tu fais...
   Sa voix s'éteignit comme s'il avait soudain pris conscience de quelque chose.
   Il disparut instantanément, la laissant ainsi que la démone seule dans le cimetière.
   Drapant ses bras sur sa poitrine, Artémis souffla devant sa grossièreté.
   -Un merci aurait été bien, Acheron !
   Mais elle savait qu'il ne l'entendait pas. Il avait une capacité remarquable pour la déconnecter.
   Sa seule consolation était que la démone avait l'air tout aussi déconcertée jusqu'à ce que ses yeux s'élargissent et qu'elle prenne la forme d'une femme humaine avec des cornes.
   -Ils ont bébé Marissa ! La démone prit une inspiration avant de disparaître à son tour.

 
   Tabitha se précipita sur le Daimon, qui rit en se mettant sur le côté et en abattant son poing sur son dos. La douleur explosa le long de sa colonne vertébrale.
   Valerius rugit de rage avant de tirer sur le Daimon.
   Raté.
   Le Daimon rit à nouveau.
   -Voyons si le général romain meurt en pleurant pour son amante humaine de la même manière que le Grec.
   Tabitha cessa de respirer en entendant ces mots. Kyrian n'était pas mort. Il ne l'était pas.
   -Menteur ! grogna-t-elle.
   Elle se tourna pour regarder Valerius combattre le Daimon alors que d'autres arrivaient en courant des escaliers. Ils envahirent la pièce comme des fourmis en colère.
   Deux d'entre eux l'attrapèrent. Tabitha les frappa, mais ses coups ricochaient sur eux sans les déranger du tout.
   Valerius se libéra de son adversaire pour lui donner une de ses épées.
   Elle la lui prit avant de se tourner pour faire face à trois Daimons. Transperça celui le plus proche d'elle, mais il n’explosa pas.
   À la place, il lui sourit.
   -Tu ne peux pas tuer les serviteurs de la déesse, humaine. Les Illuminati ne sont pas de simples Daimons.
   Elle ravala sa panique avant qu'elle ne l’arrête.
   -Valerius ? De quelle déesse parlent-ils ?
   -Il n'y a qu'une seule déesse, espèce d'imbécile pathétique. Et ce n'est pas Artémis, dit l’Illuminati un instant avant de planter ses dents dans son cou.
   Tabitha cria de douleur.
   Soudain, elle fut jetée loin de lui. Elle regarda et vit Valerius engager le combat avec le Daimon.
   -Ne la touche pas.
   Le Daimon lui lança un cri.
   -Ne t'inquiète pas, Dark-Hunter, avant qu'elle ne meure, nous allons tous prélever son sang. Tout comme nous l'avons fait pour sa sœur.
   Tabitha hurla alors que la douleur la traversait.
   -Soyez maudit !
   Un autre Daimon la saisit par derrière.
   -Bien sûr que nous sommes damnés. Les Spathi ne voudraient pas qu’il en soit autrement.
   Il la frappa d’un revers, la faisant tomber à ses pieds.
   Tabitha goûta le sang sur ses lèvres, mais elle n’était pas intimidée. Elle n'allait pas les laisser s'en tirer comme ça.
   Alors qu'elle s'éloignait du Daimon vers son épée qui avait dérapé jusqu'au pied des escaliers, elle regarda en haut et se figea. L'horreur l'a consuma.
   Kyrian gisait en haut de l'escalier, son corps sur le palier tandis que sa tête reposait sur une marche, son bras droit complètement étendu. Une épée grecque ensanglantée était tombée à mi-chemin dans les marches. Ses yeux aveugles étaient ouverts et une petite traînée de sang coulait de ses lèvres. Mais c'était la blessure béante dans sa poitrine qui la tétanisa.
   Ils l'avaient tué.
   À quelques mètres de son corps, deux jambes nues et féminines dépassaient de sous l'ourlet d'une chemise de nuit rose à la porte de la chambre d'enfant.
   Et puis elle vit Ulric enjamber le corps d'Amanda avec Marissa qui pleurait dans ses bras alors qu'il se dirigeait vers les escaliers.
   -Papa ! Gémit la petite fille alors qu'elle luttait contre la prise étroite du Daimon sur elle pour atteindre son père. Des cadres volèrent depuis le mur vers Ulric, qui ne leur prêta aucune attention.
   -Papa, maman, lève-toi.
   Marissa tira les cheveux du Daimon et le mordit.
   -Se lever !
   -Amanda ! Amanda ! Amanda !
   Tabitha ne savait pas qui au début appelait le nom de sa sœur car la terreur la remplissait. Ce n'est que lorsqu'elle ne put plus crier qu'elle réalisa que les cris hystériques étaient les siens.
   Saisissant son épée, elle monta les escaliers vers le Daimon. Il la renversa. Elle glissa sur le sang de Kyrian et retomba en arrière.
   Valerius la rattrapa par derrière avant qu'elle ne dévale tous les escaliers.
   -Cours, Tabitha, souffla-t-il dans son oreille.
   -Je ne peux pas. C'est ma nièce et que je sois damnée s'il l’a sans se battre.
   Elle s'éloigna de Valerius alors qu'un vent fantôme traversait la pièce. Il traversa la maison avec une sensation de vengeance, emportant des lampes, des plantes et tout ce qui était petit autour d’eux.
   Et lorsqu’il toucha les Daimons, ils tombèrent un par un avec rien de plus qu'un halètement.
   Serrant Marissa contre lui, Desiderius, qui était toujours dans le corps d'Ulric, passa devant elle et Valerius dans le salon.
   Tabitha le suivit, dans l'intention de récupérer sa nièce.
   -Desi ! Cria-t-il alors que son fils tombait puis disparaissait dans le néant.
   -Des !
   -Ça fait mal, n'est-ce pas ?
   Tabitha se tourna pour faire face à la voix qu'elle connaissait si bien.
   C'était Acheron.
   Il marcha lentement à travers la porte brisée comme si rien de bizarre ne s'était passé.
   Marissa s'arrêta de pleurer à l'instant où elle le vit.
   -Akri, akri ! Appela-t-elle, tendant la main vers lui.
   -Qu'est-ce que tu es ? Demanda Desiderius.
   Ash tendit la main et Marissa fut arrachée des bras de Desiderius. Elle flotta vers lui à travers la pièce, et il la serra contre sa poitrine.
   -Je suis son parrain, avec une forte emphase sur la partie divine.
   Ash déposa un baiser sur la tête de Marissa.
   -Rissa veut sa maman et son papa, akri, dit Marissa en serrant ses petits bras autour du cou d'Ash et en le serrant fort. Fais-les se lever.
   -Ne t'inquiète pas, ma komatia, dit Ash d'une voix apaisante. Tout va bien maintenant.
   Desiderius se jeta sur eux en hurlant et rebondit sur ce qui semblait être un mur invisible.
   Valerius se tenait à côté de Tabitha alors qu'Acheron s’approchait.
   Ash tendit la main et l'épée de Kyrian vola jusqu’à lui. Il la remit à Tabitha.
   -Vas-y, Tabby. Desiderius est tout à toi.
   -Stryker ! Appela Desiderius alors qu'il sortait ce qui semblait être une ancienne amulette. Ouvres le portail ! 
   -Il n'y a pas de portail, dit Ash avec un ricanement. Pas pour toi, connard.
   Pour la première fois depuis le début de cette nuit horrible, Tabitha sourit.
   -Mange de l'acier, espèce de salaud !
   Elle se jeta sur lui.
   Valerius alla l’aider. Dans son humeur actuelle, elle ne pensait pas clairement et il ne voulait pas qu’elle soit blessée. Elle l’était déjà suffisamment.
   Tandis que Tabitha attaquait le Daimon, Acheron s'arrêta dans les escaliers à côté du corps de Kyrian.
   -Fermes les yeux, Marissa, et fais le vœu que ton papa nous revienne.
   Elle ferma les yeux.
   -Papa, reviens-moi.
   Valerius s’arrêta alors que Kyrian prenait une profonde inspiration et clignait des yeux. Le Grec avait l'air aussi hébété que Valerius l’était alors qu'il aidait Tabitha à combattre le Daimon.
   Ash tendit à Kyrian sa fille, qui hurla de bonheur que son père soit vivant. Puis l'Atlante continua à monter les escaliers.
   Valerius n'eut pas le temps de contempler la bizarrerie totale que tout ça représentait alors que Desiderius se précipitait vers Tabitha.
   Il tira le Daimon en arrière.
   -Oublie ça, grogna-t-il.
   Desiderius combattit son emprise.
   Hurlant de triomphe, Tabitha plongea son épée dans le cœur de Desiderius. Valerius recula un instant avant que la lame ne traverse le corps et ne le poignarde également.
   Tabitha la retira et sourit jusqu'à ce que la blessure de Desiderius guérisse.
   Il rit.
   -Je suis un Dark-Hunter, salope. Tu ne peux pas…
   Ses mots furent réduits au silence alors que Valerius portait le seul coup qui tuait un Dark-Hunter.
   Il sépara la tête du Daimon de ses épaules.
   -Personne ne la traite de salope et reste en vie, grogna Valerius alors que Desiderius s'effondrait.
   Tabitha était complètement figée par cette macabre vision. Elle aurait dû se sentir vengée.
   Elle ne l’était pas.
   Rien ne pouvait soulager la douleur que cette nuit avait provoquée.
   Valerius la prit dans ses bras et la détourna du corps alors qu'Otto venait d’apparaître à travers les restes de la porte.
   Il se tenait là, observant les dégâts qui avaient autrefois été la maison prisée de sa sœur.
   -Est-ce que je veux savoir ? Chuchota Otto.
   Elle secoua la tête.
   -Amanda, souffla-t-elle d'un ton angoissé alors que ses larmes recommençaient.
   Comment sa jumelle pouvait-elle être morte ?
   -Tabby ?
   Le souffle de Tabitha se bloqua dans sa gorge alors qu'elle entendait la voix de sa sœur dans les escaliers. Elle tourna lentement la tête, presque effrayée à l’idée que ce ne soit qu’un autre spectre.
   Ce ne l’était pas.
   Amanda se tenait là, le visage pâle, les cheveux ébouriffés, sa robe couverte de sang.
   Mais elle était vivante !
   En hurlant, Tabitha courut vers elle et la prit dans ses bras, la serrant fort alors que ses larmes coulaient à nouveau, seulement cette fois c’était de bonheur.
   Amanda était vivante ! Les mots résonnaient dans son esprit.
   -Je t'aime, je t'aime, je t'aime ! Souffla-t-elle contre le cou de sa sœur. Et si jamais tu meurs de nouveau contre moi, je te tuerai encore !
   Toutes les deux se tenaient là enlacées.
   Valerius sourit en les voyant, reconnaissant pour Tabitha qu'Amanda soit en vie.
   Son sourire mourut quand son regard rencontra celui de Kyrian alors que le Grec descendait les escaliers avec Acheron derrière lui. Il n'y avait rien d'autre qu'une haine ouverte dans les yeux du Grec.
   -Où est Kassim ? Demanda Otto.
   -Il est mort, dit Ash avec lassitude. Il est en haut dans la crèche.
   Valerius et Otto tressaillirent tous les deux.
   Tabitha lâcha Amanda en apercevant Kyrian.
   -Tu étais mort, souffla-t-elle. Je t'ai vu.
   -Ils étaient tous les deux morts, dit Ash en passant devant les jumelles et se dirigeant vers le salon. Il leva la main et la serra en un poing.
   Le corps de Desiderius disparut instantanément.
   -Tu es un dieu ? Lui demanda Valerius alors que la déclaration précédente d'Ash s'infiltrait finalement dans son esprit.
   Ash ne répondit pas. Il n'avait pas à le faire.
   -Pourquoi ne nous l'as-tu jamais dit ? Demanda Kyrian.
   Ash haussa les épaules.
   -Pourquoi devrais-je le faire ? D'ici demain, aucun de vous ne se souviendra que vous avez appris ça sur moi.
   Tabitha fronça les sourcils.
   -Je ne comprends pas.
   Ash prit une profonde inspiration.
   -L'univers est une chose extrêmement compliquée. Tout ce que tu dois savoir, c'est qu'Amanda et Kyrian sont maintenant immortels. Personne ne pourra plus jamais les tuer.
   -Quoi ? Demanda Amanda en s'éloignant de Tabitha.
   Ash regarda Kyrian.
   -J'ai promis de ne pas te laisser mourir et je suis lié par mon serment.
   -Attends ! Dit Tabitha. Tu es un dieu. Tu peux ramener Tia !
   Le visage d'Ash pâlit.
   -Tia est morte ?
   -Tu ne savais pas ?
   -Non, dit doucement Ash. Il eut ce regard lointain comme s'il écoutait quelque chose de très faible. "Elle n'était pas censée mourir ce soir.
   -Alors sauve-la !
   Il avait l'air aussi malade que Tabitha l'était.
   -Je ne peux pas aider Tia. Son âme est morte. Je ne peux pas la forcer à revenir dans son corps contre sa volonté. Les âmes d'Amanda et de Kyrian ont refusé de quitter leur fille et je suis arrivé à temps pour les restaurer.
   -Et mon bébé à naître ? Demanda Amanda. A-t-il été blessé ?
   Ash secoua la tête.
   -Il va bien et apprécierait beaucoup si tu buvais plus de jus de pomme.
   Ash leva les mains et tout dans la maison retourna à ce qu'il était avant l'arrivée des Daimons.
   Rien n'était déplacé.
   -Ash, dit Tabitha en se déplaçant pour se tenir à côté de lui. S'il te plaît ramènes Tia pour moi.
   Il prit son visage en coupe dans sa paume.
   -J'aurais aimé pouvoir le faire, Tabby. Vraiment. Mais saches qu'elle veille sur vous et qu'elle vous aime.
   Elle vit rouge en entendant ses mots.
   -Ce n'est pas assez bien pour moi, Ash. Je veux qu'elle revienne.
   -Je sais, mais pour le moment, j'ai d'autres personnes à surveiller.
   -Mais ma sœur…
   Ash prit la main de Tabitha et la plaça dans celle de Valerius.
   -Je dois y aller, Tabitha.
   Il se tourna vers Otto.
   -Jean-Luc est vivant, mais gravement blessé. J'ai besoin de toi et Nick pour le ramener à son bateau.
   -Nous ne savons pas où est Nick, dit tranquillement Otto. J'ai trouvé sa mère morte.
   Ash disparu immédiatement.
   -Je déteste vraiment quand il fait ça, dit Kyrian en déplaçant une Marissa maintenant endormie dans ses bras.
   Tabitha ne bougea pas tandis que sa sœur s'asseyait par terre et se mettait à pleurer.
   Tabitha s'assit à côté d'elle et la tira plus près.
   -Quelle journée, sanglota Amanda. J'ai vu mon mari être tué. Kassim... Tia et maintenant Cherise.
   -Je sais, dit Tabitha. Je ne suis pas certaine que ce soit nous qui ayons gagné cette fois-ci.
   -Non, dit Kyrian alors qu'il les rejoignait sur le sol. Nous sommes toujours là et ils ne le sont pas. Pour moi, c'est gagner.
   Il attira sa femme contre sa poitrine et l'embrassa sur la tête.
   Tabitha se retourna pour voir Valerius se diriger vers la porte avec Otto.
   Au moment où elle les rattrapa, lui et Otto étaient à l'extérieur de la maison.
   -Qu'est-ce que tu fais ? Lui demanda-t-elle.
   -Nous ne voulions pas nous mêler d'un moment familial, dit-il calmement. Ta sœur a besoin de toi.
   -Et j'ai besoin de toi.
   Valerius était stupéfait alors qu'elle s’avançait entre ses bras.
   Elle enroula ses bras autour de lui et le serra contre lui pendant qu'Otto éteignait sa voiture.
   -Je vous laisse les clés et à plus tard.
   Il monta dans sa Jaguar et partit.
   -Merci, murmura Tabitha en repliant sa tête sous son menton. Je n'aurais pas réussi ce soir sans toi.
   -Je suis désolé de ne pas avoir été plus utile et je suis vraiment désolé pour Tia.
   Il sentit ses larmes lui brûler la poitrine à travers sa chemise.
   -Ta mère a dit qu'elle te voulait à la maison.
   Tabitha hocha la tête.
   -Ouais, j'ai besoin d'aller la voir. Elle tire sa force de nous. Elle se recula alors qu'Amanda sortait sur le porche.
   -Je vais voir maman.
   Amanda hocha la tête.
   -Dis-lui que je serai là demain matin. Je ne veux pas qu'elle me voie comme ça.
   Tabitha regarda la robe ensanglantée d'Amanda.
   -Ouais, c'est la dernière chose dont elle a besoin.
   Puis Amanda fit la chose la plus incroyable de toutes : elle tendit la main et attira Valerius près d’elle pour un câlin.
   -Merci d'être venu, Valerius, et d'avoir gardé Tabitha en sécurité. J'apprécie vraiment.
   Elle embrassa sa joue avant de s'écarter.
   Valerius n'avait jamais été aussi abasourdi de sa vie. À ce moment, il ressentit un étrange sentiment d’appartenance à quelque chose. C'était une sensation si étrange et étrangère qu'il ne savait pas trop comment y faire face.
   -Tout le plaisir est pour moi, Amanda.
   Elle lui tapota le bras, puis retourna dans sa maison.
   Valerius aida Tabitha à monter dans sa voiture abîmée et pour une fois il prit le siège du conducteur. Il ne dit pas un mot alors qu'elle lui indiquait le chemin de la maison de sa mère à Metairie.
   Aucun d'eux ne parla tout le long du chemin. Son cœur lui faisait mal. Prenant sa main, il la tint tranquillement dans l'obscurité tandis qu'elle regardait par la vitre côté passager.

   Lorsqu'ils arrivèrent chez sa mère, il sortit et lui ouvrit la porte.
   Tabitha prit une respiration haletante en contemplant la maison. Pour une fois, son courage avait disparu.
   Valerius lui tendit les clés.
   Elle fronça les sourcils alors qu'il s'éloignait d'elle.
   -Qu'est-ce que tu fais ?
   -J'allais rentrer.
   -Ne me quitte pas, Val. S'il te plaît.
   Il passa une main tendre le long de sa joue froide et hocha la tête. Il garda ses mains sur ses épaules. En vérité, elle avait besoin de sentir son contact alors qu'elle frappait à la porte.
   Son père l’ouvrit, le visage sombre. Son air austère s'éclaircit et des larmes emplirent ses yeux lorsqu'il la vit et la tira dans une étreinte déchirante.
   -Dieu merci, au moins, tu vas bien. Ta mère est devenue folle de peur pour toi.
   Elle le serra dans ses bras.
   -Je vais bien, papa, tout comme Amanda et Kyrian.
   Son père la libéra, puis plissa les yeux sur Valerius.
   -Qui êtes vous ?
   -C'est mon petit ami, papa, s'il te plaît, sois gentil avec lui.
   La gentillesse était la dernière chose à laquelle Valerius s'attendait, alors quand son père lui tendait la main, il était stupéfait.
   Valerius la secoua puis fut conduit dans une maison remplie par le clan Devereaux.
   Et en entrant dans le salon, Valerius ressentit quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti de toute sa vie.
   Il avait l'impression de rentrer à la maison.

 

 


Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2004
Traduction © Dark-Hunter Francophone 

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