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Dark-Hunter #29 - Shadow Fallen


 

 

   Ariel venait d'entrer dans la grande salle quand elle vit un certain nombre d'hommes s'enfuir pour sauver leur vie, chacun maudissant son seigneur et protecteur.
   "Il est la progéniture du diable !"
   "Celle de Lucifer !"
   "Que Dieu nous sauve tous !"
   Ils trébuchèrent pratiquement les uns sur les autres en passant devant elle pour atteindre la porte.
   Amusée et déconcertée, elle se dirigea dans la direction d'où ils venaient, qui se révéla être le bureau de la chambre de Valteri. Une grande pièce peu meublée avec des chaises inconfortables et renversées et un grand bureau où il se tenait, appuyé dessus les poings serrés.
   Mais ce qui lui fit hausser les sourcils, c'était le poignard qui était fermement logé dans la porte, juste au niveau des yeux lorsqu'elle entra.
   Ariel prit un moment pour enlever la dague.
   "Mauvaise journée ou mauvais tir ?
   -Un peu des deux, dit-il d'une voix mesquine. Et à moins que vous ne souhaitiez être la prochaine malheureuse cible de ma colère, vous feriez peut-être mieux d’en tenir compte et de courir aussi.
   Elle posa le poignard sur le bureau, près de sa main, et regarda la pile de papiers pendant qu'il se déplaçait pour ramasser les chaises et les redresser.
   -Vous constaterez que je suis fait d'une souche plus solide. Maintenant que j'ai vu votre précision, je n'ai plus peur aussi facilement.
   Plissant son nez vers lui, elle parcourut ses registres.
    -Alors qu'est-ce que Milord a de si mal ?
   Il poussa un soupir bas.
   -Rien.
   Penchant la tête, elle nota les lettres de plainte qui étaient dans trois piles distinctes.
   -Les paysans se sont-ils révoltés?
   Valteri ricana alors qu'il redressait la dernière chaise et revenait à ses côtés.
   -J’aimerais. Ça je pourrais gérer.
   -Cogner les gens n'est pas toujours la solution, milord.
   -Dit la femme qui en a frappé un autre un peu plus tôt ?
   -J'essayais de sauver votre chat.
   -Et j'essaye de sauver ma raison.
   Elle regarda la pièce où il avait laissé les chaises, loin de son bureau.
   -À en juger par l'état des meubles à mon arrivée, je dirais que j'ai eu beaucoup plus de succès avec le chat.
   Valteri éclata de rire et se figea à ce son inconnu. Pour ce qu’il s’en souvenait, c'était la première fois de sa vie qu’il faisait une telle chose.
   -Alors, milord, je le demande encore une fois, qu'est-ce que vous avez pour être si énervé ?
   Cela le vexait d’admettre ses défauts à qui que ce soit, mais pour une raison quelconque, il préférait les lui avouer à elle plutôt qu’à un autre.
   -Je n’arrive pas à comprendre ces maudits comptes.
   Il lui tendit le registre que son intendant avait tenté d'expliquer avant de menacer d'étrangler ce bâtard.
   Et je le pensais.
   -Ce sont les loyers dus que je suis censé examiner, puis je suis censé payer des impôts dessus.
   Il grimaça alors qu'elle lisait les chiffres.
   -Et avant de dire quoi que ce soit d'autre, oui, je sais lire.
   Elle leva les yeux vers lui avec un regard innocent.
   -Pourquoi devrais-je supposer le contraire ?
   -Parce que je suis un mercenaire.
   -Et ?
   Cela le prit au dépourvu car pratiquement tout le monde, y compris son frère, le trouvait stupide et mal éduqué.
   -Je suis une engeance du démon.
   Elle souffla en entendant ça.
   -Quel genre de démon ne saurait pas lire ?
   -Vous n'êtes pas drôle.
   -Non, mais c’est vrai. Je n’ai encore jamais connu un démon analphabète.
   Ariel ne savait pas lequel d’entre eux était le plus choqué par ses paroles.
   Valteri ou elle.
   Cependant, la partie la plus choquante pour elle était le fait qu'elle ne pensait pas que c'était une blague.
   Tout comme savoir comment utiliser une épée, elle avait le mauvais pressentiment d'avoir également une connaissance intime des démons. Comme si  quelque part elle avait interagi avec eux.
   Mais cela ne pouvait pas être le cas.
   Et de telles pensées et de telles paroles étaient dangereuses. Elle le savait même si elle n'avait aucune idée de comment ni où elle avait acquis ces connaissances.
   Elle laissa échapper un faux rire nerveux alors qu'elle poussait joyeusement son bras.
   -Je plaisante, milord ! Je rigole. Comment pourrais-je connaître le taux d'alphabétisation des démons ? Il me semble plutôt qu’ils devraient être assez alphabétisés pour être aussi maniaques. Vous ne pensez pas ?
   -Bien sûr.
   Mais son ton ne correspondait pas à ces mots.
   Qu'est-ce qui ne va pas avec moi ?
   Se mordant la lèvre, elle baissa les yeux sur le grand livre et les gribouillis maladroits de son intendant.
   -Euh… Eh bien…Quel serait le problème ?
   -Je ne sais pas faire d'arithmétique.
   Cela l'a stupéfia. Elle leva brusquement les yeux  pour saisir l'embarras dans son regard dépareillé.
   -Ne le dites à personne !
   -Pas pour une âme, milord. Pourquoi le ferai-je ?
   Valteri poussa un soupir de soulagement.
   -Je le sais, Ariel. C'est assez humiliant.
   -Je ne ferais jamais quelque chose comme ça. En plus, je devrais pourtant croire que vous pourriez facilement faire le calcul.
   -Comment ?
   -Pensez-y comme une bataille. Je suis sûre que vous faites les calculs mentaux chaque fois que vous sortez et voyez combien d'hommes vous affrontez et combien vous devez soustraire pour gagner.
   -C'est différent.
   Elle secoua la tête.
   -C'est pareil. C’est seulement pas aussi sanglant.
   Prenant un morceau de papier et sa plume, elle lui montra.
   -Pensez-y comme ça. Vous avez ici vingt hommes qui descendent la colline.
    Elle écrivit le numéro avec des traits nets et droits.
    -Vous devez en retirer huit pour gagner. Combien en resterait-il ?
   -Une douzaine.
   -Correct. Voilà votre calcul, milord.
   -Hum.
   Valteri se tenait là, étonné par elle. Personne auparavant n'avait jamais été en mesure de simplifier les choses comme ça afin de lui faire comprendre ces chiffres en les appliquant à autre chose que la bataille. La manière dont elle l’avait fait paraissait facile.
   -Mais ce n’est pas si simple.
   -C'est vraiment l'essentiel.
   Elle fit des marques sur le papier.
   -Considérez-les comme des soldats à additionner, soustraire ou multiplier pour votre armée, et cela vous aidera à garder vos dossiers en ordre.
   Valteri regarda les pages qui commençaient lentement à avoir un sens pour lui alors qu'une idée lui venait. Probablement pas l'une de ses meilleures, mais quand même…
   Certainement pas la pire, et de loin.
   Ariel était beaucoup plus attirante que son intendant hargneux qui était terrifié par lui. Sa compagnie était bien plus agréable.
   Et elle ne le regardait pas comme s’il était de la merde sous ses chaussures.
   -Voudriez-vous m'aider à faire ça ?
   Elle lui lança un regard troublé.
   -Cela dépend.
   -De quoi ?
   -Si des couverts sont impliqués ou non.
    Souriante, elle leva le poignard et le remua avec espièglerie entre ses doigts.

 


Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2021
Traduction © Dark-Hunter Francophone