J’écris simplement parce que j’entends des voix dans ma tête qui ne me laisseront pas en paix tant que je n’aurais pas communiqué leurs histoires au reste du monde. Sérieusement. Ils ont toujours été avec moi. Pendant que les autres filles jouaient à la poupée, et mes frères avec Hot Wheels, j’étais occupée à voyager à travers l’espace ou à me balader dans les cimetières avec mes compagnons de jeux imaginaires. 

Je ne peux honnêtement pas me rappeler d’un moment dans ma vie où je n’écrivais pas. Avant que je sache comment écrire des mots, je dessinais ou je racontais verbalement mes histoires.  Ce n’est pas vraiment surprenant car je viens d’une longue lignée de conteurs, tel que mon père, qui pouvait raconter de longues histoires drôles que Jerry Clower1 aurait enviées. La plupart de ses histoires tournaient autour de la vie dans le Sud, de son enfance dans la campagne de l’Alabama, ou de l’armée.


Ma mère a nourri mon amour pour les démons, la science-fiction et le paranormal. Elle était une fervente fan de films d’horreur, elle me maintenait éveillée jusqu’au petit matin pour regarder Outer Limits (Au-delà du réel), Night Gallery2, Twilight Zone (La Quatrième Dimension)et Star Trek. Nous vivions pour les regarder.

Mon père est partit quand j’avais huit ans, et ma mère a été forcée de repartir chez ses parents. Dans un environnement rappelant Flowers in the Attic3 (oh, pour l’avoir vu, c’est un bon film), mon monde venait de se briser et pour citer mon frère : « l’enfance est quelque chose auquel nous survivons… péniblement ». Si je n’avais pas eut l’écriture, je ne m’en serais pas sortie vivante, c’est un fait.

Alors que les livres m’offraient un échappatoire aux horreurs mentales et physiques des débuts de ma vie, ils n’étaient pas très fiables. Souvent les protagonistes souffraient terriblement et mouraient à la fin. Ces livres pour moi étaient loin d’être plus macabres que tout ce qu’un maître de l’horreur pouvait produire, et je vivais dans la peur que ce soit ma vie. Ici repose Sherrilyn Kenyon. Sa vie était vraiment, vraiment horrible et sa mort était même pire. Ha ! dit le Destin.

Mais dans mes histoires, je contrôlais ce qui se passait d’une manière qu’il m’était impossible dans la vraie vie. Mes personnages vivaient l’horreur et la déchéance, la cruauté des autres, et non seulement ils survivaient, mais ils s’en relevaient. Ils me donnaient de l’espoir et le sourire, et me faisaient tenir en dépit de tout le reste. Ils étaient mes héros.

Ils le sont toujours. Même quand j’étais sans abri et dans la rue avec un bébé, je me tournais vers eux pour m’aider. J’étais alors loin de savoir qu’ils allaient être vraiment mes héros et qu’ils allaient non seulement me permettre d’échapper aux horreurs de mon passé, mais qu’ils allaient aussi me sortir définitivement de la pauvreté qui a constitué la majorité de ma vie. Ils m’ont apporté des fans du monde entier.

- Sherrilyn Kenyon -



Note de traduction :

1 Howard Gerald "Jerry" Clower (28/09/1926 – 24/08/1998) était un comédien américain populaire, issu du monde rural, très connu pour ses histoires sur la campagne du Sud. Il était même surnommé "The Mouth of Mississippi" (La Voix du Mississippi).


2 Night Gallery est une série américaine de 98 épisodes regroupés en 46 épisodes de 50 minutes, créée par Rod Sterling et diffusée entre le 16 décembre 1970 et le 27 mai 1973.

3Flowers in the Attic est un thriller fantastique américain, réalisé par Jeffrey Bloom en 1987


Source : Publishers Weekly : Why I Write : Sherrilyn Kenyon
Traduction : Dark-Hunters Francophone (Aliénora)
Lien vers l'article original : Publishers Weekly