Note de traduction : Tout ce que vous verrez en vert est ce qui a été retiré par la traduction française.
Au début, nous ne voulions mettre que la fin de ce chapitre, puisque tous les flashbacks de Talon concernant son passé, ainsi que celui de Sunshine, ont disparus de la version française, transformés en simple évocation. Mais après relecture, il n'y avait pas que ça... Dans la version française, le dos de Zarek (début du chapitre) est encore couvert de cicatrices et tous sont attribuées à l'exclusivité de Valerius qui, en plus de ça, serait maintenant celui qui l'a tué. Son tatouage lui, n'existe même pas dans la version française.
Les souvenirs de Talon sont changés (son vrai nom, Speirr, n'est jamais cité alors que c'est le cas tout le long du livre), et lorsqu'il supplie les dieux, ils lui répondent en lui disant qu'ils n'interviendront pas pour lui... cette phrase est en réalité attribué à un membre de son clan, les dieux eux, se contentent de rester silencieux dans la vraie version. Les mots mis en gaélique disparaissent eux aussi...
A vous de juger, n'hésitez pas à comparer, la moitié du texte réel à disparu lors de la traduction.


Dark-Hunter #3 - La fille du shaman


Chapitre 7

 

  

C'est peu après le coucher du soleil qu’Acheron frappa à la porte de Zarek. Il avait passé la plus grande partie de la journée avec Artémis, discutant de ce qu'il fallait faire puisque les autorités humaines cherchaient maintenant Zarek.
   Il pouvait encore voir Artémis allongée nonchalamment sur son trône blanc, son beau visage complètement désintéressé.
   -Je te l'ai déjà dit, Acheron, de le tuer. Seulement tu es aveugle devant la nature de cet homme. C'est pourquoi je le voulais à la Nouvelle-Orléans en premier lieu. Je voulais que tu vois directement à quel point il est en mauvais état."
   Ash refusait de le croire. Lui, mieux que quiconque, comprenait la méchanceté de Zarek. Le besoin de frapper le premier coup avant qu'il ne vous frappe.
   Il avait donc négocié avec Artémis pour que Zarek prouve à la déesse qu'il n'était pas un animal enragé qui avait besoin d'une euthanasie.
   Ash détestait vraiment devoir négocier avec elle pour quoi que ce soit. Pourtant, il n'allait pas signer l'ordre pour l'exécution de Zarek. Pas encore. Pas tant qu'il y avait encore de l'espoir.
   Il frappa encore. Plus fort. Si Zarek dormait à l'étage, il pouvait ne pas l'entendre.
   La porte s'ouvrit lentement.
   Ash entra, ses yeux s'adaptant instantanément à la noirceur. Il ferma la porte d’une poussée mentale et étendit ses sens.
   Zarek était dans le salon à sa gauche.
   L'ex-esclave avait négligé d'allumer le chauffage pour que la maison soit dans le froid glacial. A vrai dire, Zarek était tellement habitué aux températures en dessous de zéro en Alaska qu'il n'avait probablement même pas remarqué le froid plus modéré de la Nouvelle-Orléans en février.
   En prenant la direction du salon, Ash s'arrêta en apercevant Zarek allongé sur le sol près du canapé victorien. Vêtu uniquement de pantalons de survêtement noirs, Zarek semblait endormit, mais Ash savait qu'il ne l'était pas.
   Les sens de Zarek étaient aussi aiguisés que les siens et l'ex-esclave ne permettrait jamais à quiconque d'entrer dans son aire de repos sans être complètement alerte et prêt à frapper.
   Ash laissa son regard errer sur le dos nu de Zarek. Sur la partie inférieure de sa colonne vertébrale était tatoué un dragon très stylisé. C'était la seule marque actuelle dans son dos, mais Ash se souvint d'un moment où la chair de Zarek avait été couverte de cicatrices si profondes que Ash avait réellement tressailli la première fois qu'il les avait vues.
   Bouc émissaire pour la famille de Valerius, Zarek avait grandi en en payant le prix chaque fois que Valerius ou ses frères avaient franchi la ligne. Les cicatrices n'avaient pas été simplement sur son dos. Elles étaient sur ses jambes, sa poitrine, ses bras et son visage. Une cicatrice faciale sur son œil gauche aveuglé avait été si grave que Zarek avait à peine pu ouvrir l'œil. La cicatrice sur la joue en dessous de cet œil avait donné à son visage un regard tordu et déformé.
   Dans sa vie humaine, Zarek avait marché avec une boiterie prononcée et son bras droit pouvait à peine fonctionner.
   Quand il l’avait rencontré la première fois et était devenu un Dark-Hunter, Zarek n'avait même pas été capable de croiser le regard d'Ash. Il avait regardé le sol, poussant des cris à chaque fois qu'Ash bougeait.
   Normalement, Ash donnait aux Dark-Hunters nouvellement créés le choix de garder leurs cicatrices physiques ou de les faire enlever. Dans le cas de Zarek, il n'avait pas demandé. Le corps de Zarek avait été si gravement endommagé qu'il les avait effacés immédiatement.
   Son deuxième plan d'action avait été d'apprendre à l'homme à se défendre.
   Et il s’était défendu. Au moment où Ash avait terminé son entraînement, Zarek avait déclenché une fureur si forte qu'elle lui donnait des pouvoirs incroyables.
   Malheureusement, cela rendait l'homme incontrôlable.
   -Tu vas continuer à me regarder, Grand Acheron, ou es-tu prêt à me faire à nouveau ma fête ?
   Ash soupira. Zarek n'avait toujours pas bougé. Il était là, le dos tourné, le bras sous la tête.
   -Que veux-tu que je te dise, Z ? Tu n'aurais pas dû t'attaquer à un flic. Alors je ne te parle pas de trois d'entre eux.
   -Et alors ? J’aurais dû les laisser me menotter et m'emmener en prison où j’aurais pu attendre le lever du soleil dans une cellule ?
   Il ignora la rancœur de Zarek.
   -Qu’est-ce qui s’est passé ?
   -Ils m'ont vu tuer les Daimons et ont essayé de m'arrêter. Je me suis simplement protégé.
   -Se protéger ne nécessite pas de provoquer une commotion cérébrale, un paquet de côtes cassées et un autre à la une mâchoire cassée.
   Zarek se leva et le fusilla du regard.
   -Ce qui leur est arrivé était leur propre faute. Ils auraient dû reculer quand je leur ai dit de le faire.

   Ash lui rendit le même regard. Zarek possédait cette capacité à soulever sa colère encore plus vite qu'Artémis.
   -Putain, Z, j'en ai marre d’écouter les conneries d'Artémis parce que tu ne peux pas bien te comporter.

   -Quel est le problème, Altesse ? Vous ne pouvez pas supporter la critique? Je suppose que c'est ce qui arrive quand on grandit en noble. Tu n’as jamais à t’inquiéter de voir ton comportement censuré. Tout le monde pense que tu es parfait. En attendant, tu es libre de gambader dans ta vie. Dis-moi, qu'est-ce qui t’as fait devenir un Dark-Hunter ? Quelqu'un a éraflé tes bottes et s'en est tiré ?
   Ash ferma les yeux et compta jusqu'à vingt. Lentement. Il savait que dix ne suffiraient jamais à le calmer.
   Zarek le gratifia de ce ricanement familier. L'ex-esclave l'avait toujours détesté. Mais Ash ne l'a pas pris personnellement. Zarek détestait tout le monde. 
   -Je sais ce que tu penses de moi, Ô Grand Acheron. Je sais combien tu as pitié de moi et je n'en ai pas besoin. Penses-tu honnêtement que je ne pourrais jamais oublier la façon dont tu m'as regardé la première nuit où nous nous sommes rencontrés ? Tu restais là les yeux plein d’horreur alors que tu essayais de ne pas me regarder. Eh bien, tu as accompli ta bonne action. Tu as nettoyé ton petit enfant trouvé et l'as rendu joli et sain. Mais ne penses même pas que cela signifie que je dois lécher tes bottes ou embrasser ton cul pour ça. Mes jours d’assujettissement sont terminés.
   Ash grogna doucement dans sa gorge alors qu'il combattait l'envie de morceler l'homme contre le mur du fond.
   -Ne me pousse pas, Z. Je suis la seule chose debout entre toi et une existence si terrible, qu’elle est au-delà même de ta compréhension.
   -Vas-y alors. Tue-moi. Tu penses vraiment que j’en ai quelque chose à foutre ?
   Non, il ne le ferait pas. Zarek était né en souhaitant mourir. À la fois en tant qu'homme mortel et en tant que Dark-Hunter. Mais Ash ne tuerait plus jamais un Dark-Hunter pour l'envoyer dans l'agonie du Royaume des Ombres. Il savait de première main les horreurs de cette existence. 
   -Rase ton bouc, enlève la boucle d'oreille et garde tes foutues griffes cachées. Si tu es intelligent, tu resteras à l'écart des flics.
   -Est-ce un ordre ?
   Ash utilisa ses pouvoirs pour soulever Zarek du sol et l'épingler brusquement contre le plafond.
   -Arrête de pousser ta chance, mon garçon. Je l'ai eu avec toi.
   Zarek se mit à rire.
   -As-tu déjà pensé à te louer à Disneyland ? Les gens paieraient une fortune pour ce voyage. 
   Ash grogna plus fort, montrant les crocs à ce connard effronté.
   Il était vraiment difficile d'intimider un homme qui n'avait rien dans la vie qui signifie quelque chose pour lui. Traiter avec Zarek le faisait se sentir comme un parent avec un enfant hors de contrôle.
   Ash l'abaissa sur le sol avant de céder à la tentation de l'étrangler.
   Zarek plissa les yeux alors que ses pieds touchait le sol. Il se dirigea nonchalamment vers son sac et sortit un paquet de cigarettes.
   Il savait qu'il valait mieux narguer l'Atlante. Acheron pourrait l'anéantir en un battement de cœur s'il le voulait. Mais Acheron tenait toujours son humanité. En fait, il avait de la compassion pour les autres, ce qui était une faiblesse que Zarek n'avait jamais eue. Personne ne s'était jamais occupé de lui alors pourquoi devrait-il se soucier de quelqu'un d'autre ?
   Il alluma sa cigarette alors qu'Acheron se retournait pour partir.
   -Talon va patrouiller autour de Canal Street, alors je veux que tu prennes la zone de Jackson Square jusqu’à Esplanade.
   Zarek expira la fumée.
   -Rien d'autre ?
   -Tiens-toi bien, Z. Pour l'amour de Zeus, sois sage.
   Zarek tira longuement sur sa cigarette quand Acheron ouvrit la porte sans la toucher et sortit de chez lui.
   Il tenait sa cigarette entre ses dents et passait ses mains dans ses cheveux noirs ébouriffés.
   Bien se tenir.
   Il pouvait presque rire de cet ordre.
   Ce n'était pas sa faute si les problèmes venaient toujours le chercher. Mais il n'avait jamais esquivé quoi que ce soit non plus. Il avait appris il y a longtemps à prendre ses coups et sa douleur.
   Il serra les dents en se rappelant la nuit dernière. Il avait vu les Daimons dans la rue alors qu'ils se dirigeaient vers le loft de Sunshine. Les avait entendu parler de la façon dont ils avaient l'intention de la blesser. Alors il les avait suivis, jusqu'à ce qu'il ait une chance de les combattre sans que personne ne les voie.
   Et tout à coup, il avait quatre blessures par balle dans son flanc et un flic qui lui criait de de ne pas bouger.
   Au début, il avait eu l'intention de les laisser l'arrêter et ensuite d’appeler Nick pour le sauver, mais quand l'un des flics l'avait frappé dans le dos avec sa matraque, toutes les bonnes intentions étaient allées droit au diable.
   Ses jours de fouet étaient terminés.
   Personne ne le toucherait jamais de nouveau.


   Sunshine était assise à l'extérieur de la cabane de Talon, travaillant sur les peintures que Cameron Scott lui avait commandées. Alors que Talon dormait à l'intérieur, elle était restée là pendant des heures, essayant de comprendre pourquoi elle était toujours là avec lui dans son marais.
   Pourquoi elle était venue avec lui hier soir alors qu'elle aurait dû aller chez son frère.
   Sa révélation au sujet de leur vie passée ensemble l'avait vraiment effrayée.
   Elle avait été sa femme dévouée, sa June Cleaver* ...
   Sunshine trembla. Elle ne voulait pas être la femme de quelqu'un.
   Plus maintenant.
   Le mariage était une entreprise perdante pour une femme. Son ex-mari lui avait bien appris que les hommes ne voulaient pas d'une femme autant qu'une femme de chambre qui pourrait leur donner du sexe à volonté. 
   Artiste comme elle, Jerry Gagne aurait du être parfait. Ils s'étaient rencontrés à l'école d'art et elle était tombée amoureuse de sa vision goth chic et mystérieuse de lui.
   A cette époque de sa vie, elle l'avait aimé avec zèle et ne pouvait imaginer un jour sans lui. Elle pensait qu’ils étaient deux petits pois confortables qui pouvaient concevoir une gousse qui leur resterait pour le reste de leur vie. Elle avait supposé que Jerry comprendrait son besoin de créer et qu'il la respecterait et lui donnerait la pièce dont elle avait besoin pour grandir en tant qu'artiste.
   Ce que Jerry voulait, c'était qu'elle prenne soin de lui pendant qu'il grandissait en tant qu'artiste. Ses besoins et ses désirs avaient toujours pris le pas sur les siens.
   Leur mariage avait duré deux ans, quatre mois et vingt-deux jours.
   Tout n'avait pas été mauvais. Une partie d'elle l'aimait toujours. Elle aimait avoir de la compagnie et quelqu'un avec qui partager sa vie, mais elle ne voulait pas redevenir celle qui était responsable de l'endroit où quelqu'un d'autre mettait ses chaussettes… elle pouvait à peine se rappeler où elle mettait ses propres chaussettes. Laissant tomber ses projets et aller au magasin parce que quelqu'un avait oublié de prendre les œufs qu'il devait avoir pour ses peintures faites maison.
   C'était toujours ses plans qui devaient changer. Ses affaires qui pouvaient attendre.
   Jerry ne lui avait jamais fait aucune concession.
   Elle ne voulait pas se perdre à nouveau avec un homme. Elle voulait sa propre vie. Sa propre carrière.
   Talon était un homme bon, mais il lui donnait l’impression d’être une créature comme elle. Un solitaire qui appréciait sa vie privée. Ils avaient passé un bon moment, mais elle était sûre qu'ils n'étaient pas compatibles.
   Elle était quelqu'un qui aimait vraiment se lever et peindre à la lumière du jour. Talon restait debout toute la nuit. Elle aimait le tofu et le muesli. Il aimait la malbouffe et le café.
   Elle et Jerry avaient gardé les mêmes horaires, avaient les mêmes goûts, et voilà ce qui s'était passé. S'ils n’avaient pas pu y arriver, cela n'augurait certainement pas de bonnes relations avec Talon.
   Non, elle avait besoin de retourner à sa vie.
   Dès qu'il se lèverait et qu'ils auraient mangé, elle lui dirait de la ramener à la maison.


   Talon soupira dans son sommeil. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus rêvé de sa femme. Il n'avait pas osé. Penser à Nynia avaient toujours eu la capacité de déchirer son cœur.
   Mais aujourd'hui, elle était là avec lui. Là dans ses rêves où ils pouvaient être ensemble.
   Sa gorge serrée, il la regardait assise devant son foyer, son ventre distendu par la grossesse pendant qu'elle cousait des vêtements pour le bébé. Même après cinq ans de mariage et une vie d'amitié, elle était capable de remuer son sang et de faire gonfler son cœur d'amour.
   Grandissant sous l'œil méprisant de son oncle et le dédain du clan, il ne l'avait trouvée que pour le réconforter. Elle seule l'avait fait se sentir aimé.
   Il l'écoutait fredonner la même berceuse que sa mère lui avait une fois chantée quand il était tout petit.
   Dieux, comme il avait besoin d'elle. Maintenant plus que jamais auparavant. Il était fatigué de se battre, las des demandes que son peuple lui avait faites depuis la mort de son oncle.
   Lassé d'entendre les murmures au sujet de sa mère et de son père.
   C'était un jeune homme, mais ce soir, il se sentait vieux. Et froid. 
   Jusqu'à ce qu'il regarde Nynia. Elle le réchauffait profondément à l'intérieur et améliorait tout.
   Comme il l'aimait pour ça.
   S’avançant, il s'effondra devant sa chaise et posa sa tête sur ses genoux. Il enroula ses bras autour d'elle comme il avait l'habitude de le faire et sentit le bébé lui donner des coups de pied en signe de protestation.
   -Tu es revenu," dit-elle doucement, passant sa main dans ses cheveux.
   Il ne parla pas. Il ne pouvait pas. Normalement, il aurait lavé le sang de son armure et de son corps avant de la rejoindre, mais la douleur de la journée était encore trop vive dans son cœur.
   Il avait besoin de sentir son toucher doux et apaisant sur son corps, avait besoin de savoir que pour le moment elle était en sécurité et toujours avec lui.
   Seule elle pouvait soulager la douleur douloureuse dans son cœur.
   Sa tante était morte. Mutilée. Il avait trouvé le corps quand il était parti la chercher après qu'elle ne se soit pas présentée pour le repas de midi.
   S'il vivait une éternité, il n'oublierait jamais le spectacle macabre. Il vivrait en lui avec le souvenir de sa mère mourant dans ses bras.
   -C'est la malédiction des dieux.
   Parth avait murmuré cela plus tôt ce soir-là, ne sachant pas que Talon était assez proche pour l'entendre parler à son frère.

   -C'est le fils de la prostituée. Elle a couché avec un druide pour engendrer une lignée maudite et maintenant nous allons tous payer pour cela. Les dieux nous puniront tous.
   -Tu veux défier l'épée de Speirr pour le pouvoir ?
   -Seul un imbécile en défierait un comme lui. Même Cuchulainn ne pourrait pas l'égaler.
   -Alors tu ferais mieux de prier les dieux qu'il ne t'entende jamais.
   Talon ferma les yeux, essayant d'atténuer les murmures qui l'avaient hanté tous les jours de sa vie. 
   -Speirr ? Nynia caressa son visage. Ont-ils tous été tués ?
   Il acquiesça. Après avoir ramené sa tante à la maison, il avait rassemblé ses hommes et mené contre la tribu des Gaules du Nord. Il avait trouvé l'un de leurs poignards près de son corps et avait immédiatement su qu'ils étaient responsables.
   -Je suis vraiment maudit, Nyn.
   Les mots restèrent dans sa gorge. Après une vie à essayer de prouver aux autres qu'il n'était pas maudit pour les actions de ses parents, il était maintenant maudit à cause des siens.
   -J'aurais dû t'écouter quand mon oncle est mort. Je n'aurais jamais dû me venger du clan du Nord. Maintenant, tout ce que je peux faire, c'est craindre ce que leurs dieux me retireront ensuite.

   Mais dans son cœur, il le savait déjà. Il n'y avait rien de plus précieux sur terre que la femme qu'il tenait.
   Elle allait mourir.
   À cause de lui.
   Tout était de sa faute. Tout.
   Lui seul avait amené la colère des dieux du clan du Nord sur leurs têtes.
   Il n'y avait aucun moyen de l'arrêter. Pas moyen de la garder à ses côtés.
   La douleur en était plus qu'il ne pouvait supporter.
   -J'ai offert des sacrifices à La Morigane, mais les druides me disent que ce n'est pas assez. Que puis-je faire de plus ?
   -Peut-être que c'est le dernier. Peut-être que cela va se terminer maintenant.
   Il l'espérait. L'alternative… Nae, il ne pouvait pas perdre son Nynia. Leurs dieux pourraient avoir n'importe quoi sauf elle...

 

   Talon gémit alors que son rêve se déplaçait vers l'avenir. Il tenait sa femme alors qu’elle luttait pour apporter leur bébé dans le monde.
   Ils étaient tous les deux couverts de sueur après des heures d'effort. La sage-femme avait ouvert une fenêtre et laissé entrer une brise rafraichit par la neige qui tombait dehors.
   Nynia avait toujours aimé la neige, et le temps leur avait donné l'espoir que tout irait bien. Peut-être que le bébé serait une nouvelle chance pour tous.
   -Pousse ! Ordonna la femme.
   Les ongles de Nynia se plantèrent dans ses bras alors qu'elle l'agrippait et criait. Talon plaça sa joue contre la sienne, la serrant contre lui et lui murmurant à l'oreille.
   -Je t'ai, mon amour. Je ne te laisserai jamais partir.

   Elle gémit profondément puis se détendit tandis que leur fils sortait, entre les mains de la sage-femme.
   Nynia éclata de rire alors qu'il embrassait sa joue et la serrait dans ses bras.
   Mais leur joie fut vite coupée car l'enfant refusa de répondre aux tentatives de la vieille femme pour le réveiller.
   -Le bébé est mort.
   Les mots de la femme résonnèrent dans sa tête. 

   -Nae ! Gronda-t-il. Il dort. Tu dois le réveiller.
   -Nae, mon triath. L'enfant est mort-né. Je suis sincèrement désolé.
   Nynia pleura dans ses bras.
   -Je suis tellement désolé, Speirr, de ne pas pouvoir te donner ton fils. Je ne voulais pas te décevoir.
   -Tu ne m'as pas déçu, Nyn. Tu ne pourrais jamais me décevoir.
   Horrifié et navré, Talon tenait Nynia alors que la sage-femme lavait et habillait le petit corps de leur fils.
    Il ne pouvait pas détourner son regard du bébé.
   Son fils avait dix doigts minuscules, dix orteils parfaits. Une tignasse de cheveux épais et noirs. Son visage était beau et serein. Parfait.
   Pourquoi l'enfant n'avait-t-il pas vécu ?
   Pourquoi n'avait-t-il pas respiré ?
   Serrant les dents pour éviter la douleur, Talon voulait réveiller l'enfant. Silencieusement, il demanda à son fils de pleurer et de vivre.
   Comment quelque chose de si parfait pouvait-il ne pas respirer? Pourquoi le bébé ne pouvait-il pas bouger et gémir ?
   Il était leur fils.
   Leur précieux bébé.
   Il n'y avait aucune raison pour que l'enfant ne soit pas en vie. Aucune raison autre que le fait que Talon était un imbécile.
   Il avait tué son propre fils.
   Des larmes coulaient dans ses yeux. Combien de fois avait-il tenu sa main sur le ventre de Nynia et sentit la force des mouvements de son fils ? Ressentit la fierté amoureuse d'un père ? Ils avaient marqué les jours de la naissance du bébé. Avait partagé leurs espoirs et leurs rêves pour lui.
   Et maintenant, il ne connaîtrait jamais le garçon qui avait déjà gagné son cœur. Ne verrais jamais l'enfant sourire ou grandir.
   -Je suis tellement désolé, Speirr, murmura Nynia encore et encore, en pleurant.
   Il serra ses bras autour d'elle et murmura des mots de réconfort. Il devait être fort pour elle. Elle avait besoin de lui maintenant.
   Embrassant sa joue, Talon repoussa ses larmes et offrit son réconfort. "Tout va bien, mon amour. Nous aurons d’autres enfants." Mais dans son cœur, il connaissait la vérité. Le dieu Camulus ne permettrait jamais à l’un de ses enfants de vivre, et Talon n’infligerait plus jamais ça Nynia. Il l'aimait trop.
   Il la tenait toujours une heure plus tard quand toute la couleur s'était évanouie de son visage. Quand le dernier de ses espoirs s’était brisé et l'avait laissé privé de tout excepté d’une retentissante agonie.
   Nynia était en train de mourir d’hémorragie.
   La sage-femme avait fait tout ce qu'elle pouvait, mais à la fin elle les avait laissés seuls pour se dire au revoir.
   Nynia le quittait.
   Il ne pouvait pas respirer.
   Il ne pouvait pas fonctionner.
   Elle était en train de mourir.
   Talon avait choisi Nynia et l'avait bercée contre lui. Il était couvert de sang, mais il ne le remarqua même pas. Tout ce à quoi il pouvait penser, c'était de la garder avec lui, de la guérir.
   Vis pour moi !
   Il voulait donner sa propre force de vie dans son corps, mais ce n'était pas suffisant.
   Silencieusement, il négocia avec les dieux pour prendre autre chose : sa vie, ses terres, son peuple. N'importe quoi. Simplement lui laisser son cœur. Il en avait trop besoin pour le perdre comme ça.
   -Je t'aime, Speirr, murmura-t-elle doucement.
   Il s’étouffa de larmes.
   -Tu ne peux pas me quitter, Nyn, chuchota-t-il en frissonnant dans ses bras. Je ne sais pas quoi faire sans toi.
   -Tu prendras soin de Ceara comme tu l'avais promis à ta mère.
   Elle déglutit en traçant ses lèvres de sa main froide.
   -Mon courageux Speirr. Toujours fort et généreux. Je t'attendrai de l'autre côté jusqu'à ce que Bran nous rassemble à nouveau.

   Il ferma les yeux alors que les larmes coulaient sans qu’il puisse les contrôler.
   -Je ne peux pas vivre sans toi, Nyn. Je ne peux pas.
   -Tu le dois, Speirr. Nos gens ont besoin de toi. Ceara a besoin de toi.
   -Et j'ai besoin de toi.
   Elle déglutit et leva les yeux vers lui, ses yeux pleins de peur.
   -J'ai peur, Speirr. Je ne veux pas mourir. Je me sens si froide. Je ne suis jamais allé nulle part sans toi auparavant.
   -Je vais te garder au chaud.
   Il tira plus de fourrures et lui frotta les bras. S'il pouvait la garder au chaud, elle resterait avec lui. Il savait qu'elle le ferait... S'il pouvait la garder au chaud.
   -Pourquoi est-ce qu'il fait noir ? Demanda-t-elle, la voix tremblante. Je ne veux pas que ce soit sombre maintenant. Je veux juste te garder un peu plus longtemps.
   -Je te tiens, Nyn. Ne t'inquiète pas, mon amour. Je te tiens.
   Elle plaça sa main contre sa joue alors qu'une seule larme tombait.
   -J'aurais aimé être la femme que tu méritais, Speirr. J'aurais aimé pouvoir te donner tous les enfants que tu voulais.
   Avant qu'il puisse parler, il la sentit. La dernière expiration de son corps avant qu'elle se relâche entre ses bras.
   Furieux et en rage, Talon rejeta sa tête en arrière et poussa son cri de guerre tandis que la douleur le déchirait. Des larmes coulaient sur son visage. 
   -Pourquoi ! Rugit-il aux dieux. Maudit Camulus. Pourquoi ! Pourquoi ne pouvais-tu pas me tuer et l’a laissé en paix ?
   Comme prévu, personne ne répondit. La Morrigane l'avait abandonné, l'avait laissé seul pour faire face à cette douleur. 
   -Pourquoi les dieux auraient-ils aidé un garçon comme toi, mon garçon ? Tu n'es bon à rien sauf à lécher les bottes de tes supérieurs.
   -Regarde-le, Idiag, il est pitoyable et faible comme son père avant lui. Il ne sera jamais rien. Tu pourrais aussi bien me laisser le tuer maintenant et épargner la nourriture pour nourrir un meilleur enfant."
   Les voix du passé le frappèrent, lacérant son cœur douloureux.
   -Es-tu un prince ? Il entendit la voix d'enfant de Nynia depuis le jour où il l'avait sauvée du coq.
   -Je ne suis rien, avait-il répondu.
   -Nae, mon seigneur, vous êtes un prince. Seul un noble braverait le redoutable coq pour sauver une paysanne.
   Elle seule l'avait fait se sentir noble ou bon.
   Elle seule lui avait donné envie de vivre.
   Comment sa précieuse Nynia aurait-elle pu disparaître?
   Sanglotant, il la tint elle et le bébé pendant des heures. Les maintint jusqu'à ce que le soleil brille dehors sur la neige et que sa famille le supplie de les laisser faire des préparatifs pour les enterrements. Mais il ne voulait pas les préparer.
   Il ne voulait pas les laisser partir.
   Depuis le jour où ils s'étaient rencontrés, ils n'avaient jamais été séparés pendant plus de quelques heures.
   Son amour et son amitié avaient traversé beaucoup d’épreuves. Au fil des années, elle avait été sa force.
   Elle était la meilleure partie de lui.
   -Que dois-je faire, Nyn ? Murmura-t-il contre sa joue froide alors qu'il la berçait. Que dois-je faire…
   Seul, il s'était assis là avec elle, perdu. Froid. Douloureux.
  
   Le jour suivant, il l'avait enterrée près du lac où ils avaient tous les deux commencé leurs rencontres d'enfance. Il pouvait encore la voir l'attendre, son visage brillant d'attente. Il pouvait l'imaginer courir à travers la neige, rassemblant une poignée pour faire une boule afin qu'elle puisse se faufiler derrière lui et la laisser tomber dans sa tunique.
   Il l'aurait alors chassée, et elle se serait enfuie en riant.
   Elle avait tellement adoré la neige. Avait toujours aimé incliner la tête en arrière et laisser les flocons blancs et purs tomber sur son beau visage et dans ses cheveux blonds dorés.
   Il semblait en quelque sorte absurde qu'elle soit morte un jour comme celui-ci. Un jour qui l'aurait remplie d'un tel bonheur.
   Grimaçant de douleur, il souhaita vivre quelque part où il ne neigerait jamais. Quelque part au chaud, pour qu'il n'ait plus jamais à voir ça et se souvienne alors de tout ce qu'il avait perdu. Oh dieux, comment pouvait-elle être partie ?
   Talon grogna de douleur. Il était à quatre pattes dans la neige glacée, son cœur ne ressentant rien d'autre qu'une misère douloureuse.
   Nynia était allongée dans le sol, tenant son bébé contre sa poitrine. Alors qu'il n'était pas là pour la protéger, pour la réchauffer. Pour la prendre par la main et la conduire partout où elle voulait aller.
   Il sentit une petite main sur son épaule.
   En levant les yeux, il vit le petit visage de sa sœur. Ceara avait vu plus que sa juste part de tragédie.
   -Je suis toujours avec toi, Speirr. Je ne te laisserai pas seul.
   Talon enroula ses bras autour de sa taille et l'attira contre lui. Il la tenait alors qu’il pleurait.
   Elle était tout ce qu'il lui restait. Et il défierait les dieux eux-mêmes pour la garder en sécurité.
   Il n'avait pas été capable de protéger Nynia, mais il protégeait Ceara.
   Personne ne lui ferait de mal sans en passer par lui...

 

   Talon se réveilla juste avant le coucher du soleil avec un poids sur l’estomac.
   Il se sentait si seul.
   Ses émotions étaient à vifs et en lambeaux. Il ne s'était pas senti comme ça depuis des siècles. Ça ne lui avait pas fait mal ainsi depuis la nuit où Acheron lui avait appris à enterrer ses émotions.
   Ce soir, il sentait vraiment la solitude de sa vie. La brûlure douloureuse l'envahit et il dut lutter pour respirer.
   Jusqu'à ce qu'il perçoive quelque chose d'étrange sur sa peau et dans son lit.
   Patchouli et térébenthine.
   Sunshine.
   Son cœur s'éclaira instantanément alors qu'il pensait à elle et à la manière dont elle se retrouvait dans sa vie.
   En respirant son précieux parfum, il se retourna et trouva son lit vide.
   Talon fronça les sourcils.
   -Sunshine ?

   Il regarda autour de lui et ne la vit nulle part.
   -Veux-tu bien me laisser seule, tu n’ais qu’une paire de bottes qui marche !
   Il haussa un sourcil à la voix de Sunshine de l'autre côté de sa porte. Avant qu'il ne puisse se lever, la porte s'ouvrit pour montrer Sunshine pestant contre Beth et l'alligator sifflant en signe de protestation. 
   Elles se battaient toutes les deux devant la porte. 
   -Lâche mon chevalet, l’échappée d'une fabrique de bagages. Si tu as besoin de bois pour faire un cure-dent, il y en a plein sur le porche.
   A leur vue un coin de sa bouche sourit, Sunshine dans sa cabane et Beth sur le porche.
   -Beth, dit-il d’un ton brusque. Qu'est-ce que tu fais ?
   Beth ouvrit la gueule, libérant le chevalet. Sunshine bascula en arrière, dans la cabane, avec son chevalet entre ses mains. L’alligator siffla et claqua brusquement la gueule, balançant sa queue et regardant Sunshine avec irritation.
   -Elle dit qu'elle voulait te forcer à aller à l'intérieur avant qu'il ne fasse nuit et que quelque chose l’a décide à te manger", dit-il à Sunshine.
   -Dis à Haleine de Marais que je m’y dirigeais de toute façon. Pourquoi était-elle...
   Sunshine s'arrêta et le regarda.
   -Oh, je suis vraiment en train de discuter avec un alligator ?

   Il sourit.
   -C'est bon. Je le fais tout le temps.
   -Oui, mais ne t'offense pas, tu es un peu bizarre.
   Si ce n'était pas l’hôpital qui se moquait de la charité...

   Elle chassa Beth, claqua la porte, puis mit ses fournitures d'art dans un coin.
   Talon la regardait avec intérêt, d'autant plus que la toile de son jean moulait plutôt bien ses fesses alors qu'elle se penchait.
   -Depuis combien de temps es-tu debout ? Demanda-t-il.
   -Quelques heures. Et toi ?
   -Je viens de me réveiller.
   -Tu dors toujours si tard ? Demanda-t-elle.
   -Depuis que je reste debout toute la nuit, ouais.
   Elle lui sourit.
   -Je pense que tu es devenu un oiseau de nuit d'un tout autre niveau.
   Elle bougea pour s'asseoir sur le futon à côté de lui et frotta ses mains tachées de peinture contre ses cuisses, attirant son attention sur la façon dont elles étaient parfaitement formées et à quel point il aimerait passer sa main au creux de celle-ci et les tenir contre son corps…
   Il se durcit à cette pensée.
   -Tu veux que je te prépare un petit déjeuner ? Demanda-t-elle. Il n'y a pas grand-chose dans la cuisine qui ne soit pas garanti de te tuer ou de pourrir, mais je pense que je pourrais grignoter une omelette de blancs.
   Il grimaça à la pensée de ce à quoi aurait ressemblé une omelette de blancs d’oeufs. Ce serait probablement pire que le fromage de soja.
   Bon sang, quelqu'un avait besoin d’initier cette femme au verre de chocolat Reddi-wip*. Et à la suite de cette pensée lui vint la question de savoir à quoi ressemblerait Sunshine couverte de chocolat… il n'avait pas eu l'occasion de faire ça avec elle la nuit dernière.
   Inconsciente de ses pensées, elle continua sa tirade. 
   -N'as-tu jamais entendu parler des flocons de son ? De blé complet ?

   -Non, pas du tout.
   Il passa sa main le long de son bras jusqu'à son cou où il put taquiner la douceur de sa peau avec ses doigts. Hmmm, comme il aimait toucher sa chair.

   Elle continua à lui faire la leçon.
   -Tu sais, en mangeant comme tu le fais, tu seras chanceux de vivre encore trente ans. Je jure qu'il y a plus d’aliment nutritionnel dans la chocolaterie de Willy Wonka que tout ce que j'ai trouvé dans ta cuisine.

   Talon sourit.
   Pourquoi était-il si fasciné par elle ? Il écoutait sa voix pendant qu'elle lui parlait, et au lieu d'être irrité, il appréciait vraiment.
   C'était agréable d'avoir quelqu'un assez préoccupé par lui pour qu'ils lui disent ce qu'il fallait manger.
   -Que dirais-tu si je te grignotais un peu ? Demanda-t-il.
   Sunshine s’arrêta au milieu de sa phrase. Avant qu'elle ne puisse penser à répondre, il l'attira contre lui et réclama ses lèvres.
   Elle gémit au point qu’il se sentait bien. Alors qu’il goûtait cette merveille. Elle pouvait sentir son érection sous sa hanche.
   Son corps fondit contre le sien.

   L'instant suivant, il la plaquait sur le futon et se penchait sur elle, déboutonnant son pull alors que ses seins se contractaient dans l'attente de son contact.
   -Tu es très douée pour me distraire, dit-elle.
   -Je le suis ? Demanda-t-il, embrassant la vallée entre ses seins.
   -Hun-hunnn, souffla-t-elle.
   Des frissons parcoururent la longueur de son corps alors qu'il grignotait la peau juste en dessous de sa mâchoire. Son souffle chaud la brûlait alors qu'il tenait sa poitrine de sa main et la pétrissait doucement avec ses doigts.
   Elle passa ses mains dans ses cheveux ébouriffés, le serrant contre elle tandis que ses nattes frôlaient sa peau, la chatouillant et la taquinant. Son corps palpita et la brûla, désirant qu’il le touche. Talon ferma les yeux et huma le doux parfum de sa peau. Elle était si chaude et douce.
   Tellement féminine. Il passa la main sur la générosité de sa peau bronzée pendant qu'il lui taquinait le cou avec sa langue et ses dents.
   Ses mains glissèrent sur lui.
   Oh, il aimait goûter cette femme. Aimait la sentir sous lui.
   Il passa sa main sur la dentelle noire de son soutien-gorge, la prenant doucement dans ses bras. Elle siffla de plaisir, ses jambes glissant contre les siennes. Il ne s'était jamais soucié de la sensation de son jean sur son corps auparavant, mais quand Sunshine le portait, ça ne le dérangeait pas du tout.
   Il détacha le devant de son soutien-gorge et libéra ses seins pour sa main curieuse. Il passa sa paume sur les bosses dures, d'avant en arrière, ravi de ce qu'ils ressentaient. Il la couvrit de baisers jusqu’à eux.
   Sunshine attirait sa tête vers elle et arqua son dos. Il taquina un sein avec sa langue, le donnant de petit coup et le suçant jusqu'à ce qu'elle ait envie de crier de plaisir. C'était comme s'il connaissait une manière secrète de lui arracher chaque morceau d'extase sensuelle au moindre contact.
   Et alors qu’il la tenait, quelque chose d'étrange arriva. Elle eut un souvenir lointain...

   ... Elle vit Talon la tenir comme il le faisait maintenant.
   Seulement c'était la fin du printemps et ils étaient étendus dans les bois, à côté d'un lac tranquille. Elle avait peur de se moment et, en même temps, elle se languissait de lui.
   Ses yeux étaient d'un ambre profond et rendu sombre par la passion alors qu'il se plaçait au-dessus d'elle sur un bras et délaissait le haut de sa robe de sa main libre.
   -Je t'ai toujours voulu, Nyn.
   Ses mots chuchotés la déchirèrent alors qu'il baissait la tête et caressait ses seins libérés. Elle gémit de plaisir à la sensation étrangère d'un homme qui l'embrassait là. Elle n'avait jamais permis à un homme de la toucher auparavant. N'avais jamais permis à quelqu'un de voir son corps.

   Quelque peu embarrassée, elle ne pouvait pas lui refuser ça. Pas quand ça lui donnait autant de plaisir.
   Sa mère lui avait raconté il y a longtemps les besoins et les désirs des hommes. A propos de la façon dont ils entraient l'intérieur d'une femme et prenaient possession d'elle.
   À partir de ce moment, elle avait su qu'elle ne voudrait jamais aucun homme, mais Speirr le ferait. Pour lui, elle ferait n'importe quoi.
   Il souleva l'ourlet de sa robe jusqu'à ses hanches, découvrant son corps inférieur à son regard chaud et affamé. Elle frissonna en écartant ses jambes pour qu’il puisse voir l'endroit le plus intime de son corps.
   Son instinct était serrait les jambes, mais elle se força à s'y conformer. Elle s'ouvrit elle-même pour lui et retint son souffle alors qu'il la regardait avec tant d'envie qu'elle lui faisait mal.
   Il passa sa main sur son ventre et sur sa cuisse extérieure. Puis, toujours aussi lentement, il passa sa main dans sa cuisse intérieure, la faisant brûler et frissonner en même temps. Elle ferma les yeux et gémit alors que ses doigts curieux touchaient la chair vierge et palpitante entre ses jambes.
   Sa tête se noya dans l'étrange sensation de lui la caressant et la taquinant. Il écarta les jambes, puis glissa ses doigts à l'intérieur d'elle où il les plongea profondément, faisant trembler son corps.
   Elle gémit lorsqu’il déplaça sa main et plaça son corps entre ses jambes. Elle sentit son membre rigide pulser contre l’intérieur de sa cuisse.
   -Regarde-moi, Nynia.
   Elle ouvrit les yeux et leva les yeux vers lui.
   L'amour dans ses yeux l'a brûlait.
   -Ce n'est pas encore trop tard. Dis-moi que tu ne veux pas de moi et je m'en irai sans dommages.

   -Je te veux, Speirr, murmura-t-elle. Je ne veux que toi.
   Il se pencha et l'embrassa tendrement, puis se glissa en elle.
   Elle se raidit devant la douleur qu'il causa alors qu'il déchirait sa virginité et la remplissait entièrement. Elle se mordit la lèvre et le serra contre lui alors qu'il se balançait lentement contre elle.
   -Tu sembles si bien sous moi, souffla-t-il, sa voix marqué d’un demi-gémissement profond. Encore mieux que je ne le pensais.
   -Combien de femmes as-tu eu en dessous de toi, Speirr ?
   Elle était horrifiée par ses propres paroles, mais voulait savoir et était trop jeune pour se rendre compte à quel point sa question était stupide.

   Il arrêta de bouger en elle et se recula pour regarder dans ses yeux.
   -Seulement toi, Nyn. Je suis aussi vierge que toi. J'ai eu d'autres femmes qui se sont offertes à moi, mais tu es la seule que je rêvais de tenir.

   Son cœur s’envola. Souriante, elle enroula ses jambes autour de ses hanches maigres et nues. Elle prit son visage entre ses mains et l'attira à elle jusqu'à ce que leurs nez se touchent.

   -Oh, Speirr, murmura Sunshine, le serrant contre lui.
   Talon se raidit dans ses bras.
   Au cours des mille dernières années, personne d'autre que Ceara n'avait jamais utilisé son vrai nom. Et une seule femme avait déjà dit son nom comme Sunshine l'avait fait tout à l'heure.
   Ce n'était pas seulement ce qu'elle disait, c'était le ton de sa voix quand elle l'avait dit. Le frisson qu'il envoya dans sa colonne vertébrale.
   -Comment est-ce que tu viens de m'appeler ?
   Sunshine se mordit la lèvre en réalisant son erreur. Oh bon sang, il pensait probablement qu'elle l'appelait par le nom d'un autre homme. Il ne devait avoir aucun souvenir de sa vie antérieure. Elle ne devrait pas non plus. Elle ne savait pas d'où venaient ces flashbacks.
   Tout ce qu'elle savait, c'était qu'ils la paniquaient.
   Sa grand-mère faisait de l’hypnose régressive et l'avait élevée avec un respect dévoué pour la réincarnation. Une chose que Grand-mère Morgan lui avait bien enseignée était que lorsque vous renaissiez, vous oubliez toujours votre vie antérieure.
   Pourquoi s'était-elle alors souvenue de lui ?
   -Je me raclais la gorge, dit-elle, espérant qu'il la croirait. Tu as cru que je t’appelais comment ?
   Talon se détendit. Peut-être qu'il entendait des choses. Peut-être que c'était ce que cette femme lui faisait ressentir qui était en train de faire remonter à la surface ses souvenirs oubliés depuis longtemps. Ou peut-être était-ce la culpabilité qu'il ressentait de la vouloir comme il le faisait.
   Seul Nynia l'avait vraiment fait brûler comme ça.
   Sunshine était si différente. Elle le faisait ressentir même quand il ne voulait pas. Même quand il se battait contre ça.
   Elle enfouit ses mains dans ses cheveux et l'attira vers le bas pour qu'elle puisse mordiller sa mâchoire. La sensation de ses mains sur lui, la chaleur de son corps sous son...
   Il s'abaissa sur elle et enfouit ses lèvres contre son épaule où il put goûter le sel de sa peau.
   Talon soupira profondément. Avec contentement.
   Puis, à son profond désespoir, son téléphone sonna.
   Jurant, Talon y répondit et trouva Acheron à l'autre bout.
   -J'ai besoin de toi pour garder la femme ce soir. Garde-la chez toi.
   Talon fronça les sourcils. Il se demanda brièvement comment Ash savait que Sunshine était avec lui, mais les pouvoirs de l'homme n'étaient rien sinon effrayants. 
   -Je pensais que tu m'avais dit de rester loin d'elle.
   -Les choses ont changées.
   Talon retint un gémissement tandis que Sunshine passait son mamelon entre ses dents. La garder ici était loin d'être une épreuve.
   -Es-tu sûr de ne pas avoir besoin de moi ce soir ?
   -Oui.
   Acheron raccrocha.

   Talon jeta le téléphone de côté et regarda Sunshine avec un sourire diabolique. Cette nuit s’annonçait beaucoup mieux.

 


Note de traduction :
*June Cleaver : June Evelyn Bronson Cleaver est un personnage principal de la série télévisée américaine Leave It to Beaver. Souvent évoquée avec son mari comme l'archétype du couple des années 1950 avec la femme au foyer.
*Reddi-wip : marque de crème fouettée sucrée.


Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2003
Traduction © Dark-Hunter Francophone 

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